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Iran : les violences ont déjà fait treize morts, dont un policier


Au total, 12 personnes ont péri dans les violences qui ont émaillé les protestations déclenchées jeudi à Machhad, la deuxième ville du pays, avant de prendre de l'ampleur et de se propager à travers le territoire. (photo AFP)

Un policier a été tué lundi soir, durant les violences découlant depuis cinq jours des protestations contre la vie chère et le pouvoir, une contestation inédite depuis des années dans le pays.

Au total 13 personnes, dont dix manifestants, ont été tuées dans les violences qui ont émaillé ces protestations, parties jeudi de Machhad, la deuxième ville du pays, pour se propager rapidement à travers le territoire.

Des petits groupes de manifestants, dont certains scandaient des slogans anti-régime, se sont rassemblés lundi soir dans un quartier du centre de Téhéran sous forte présence policière, selon des images de médias locaux en ligne et des réseaux sociaux. Les manifestations se poursuivaient en dépit du blocage par les autorités sur les téléphones portables des messageries Telegram et Instagram, utilisées pour appeler à manifester.

Au cinquième jour d’un mouvement de protestations contre les difficultés économiques et le pouvoir, l’agence Fars a notamment diffusé la vidéo d’un taxi jaune en feu qu’une personne munie d’un extincteur essayait d’éteindre. « Un fauteur de troubles a mis le feu à la voiture avant de s’enfuir immédiatement », selon une autre agence, Mehr.

Des protestataires s’étaient déjà rassemblés samedi et dimanche soirs dans un quartier du centre de Téhéran pour scander des slogans contre le pouvoir.

Par ailleurs, le ministre des Renseignements a annoncé dans un communiqué que « des perturbateurs et des éléments qui provoquaient les troubles ont été identifiés et un certain nombre d’entre eux arrêtés ». « Les autres sont poursuivis et il y aura bientôt une action ferme contre eux », selon ce communiqué.

La police a également annoncé l’arrestation de « quatre personnes qui avaient insulté le drapeau sacré de la République islamique d’Iran » en le brûlant, a rapporté un site internet de la télévision d’État. Les médias officiels ont publié un communiqué du commandement de la sécurité cybernétique avec les photos de trois jeunes, présentés comme les meneurs des manifestations, en demandant à la population de les identifier.

Selon des vidéos mises en ligne par les médias iraniens et les réseaux sociaux durant le week-end, les manifestants avaitnt attaqué et parfois incendié des bâtiments publics, des centres religieux et des banques ou des sièges du Bassidj (milice islamique du régime). Les manifestants ont aussi mis le feu à des voitures de police.

« Insulte aux valeurs »

« Le peuple iranien répondra aux fauteurs de troubles et hors-la-loi », a prévenu le président Rohani en qualifiant les protestataires de « petite minorité qui (…) insulte les valeurs sacrées et révolutionnaires ».

« Notre économie a besoin d’une grande opération de chirurgie, nous devons tous être unis », a-t-il exhorté dans un communiqué, insistant sur la détermination du gouvernement à « régler les problèmes de la population », en particulier le chômage.

La veille, il avait reconnu que l’Iran devait fournir « un espace » pour que la population puisse exprimer ses « inquiétudes », mais il avait condamné les violences. « Critiquer, c’est totalement différent que d’utiliser la violence ».

Élu pour un second mandant en mai 2017, Hassan Rohani a permis à l’Iran de sortir de son isolement avec la levée de sanctions internationales qui avaient été imposées pour dénoncer les activités nucléaires sensibles du pays.

Plus de 400 arrestations

Les nouvelles protestations sont inédites depuis le mouvement de contestation contre la réélection de l’ex-président ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad en 2009, violemment réprimé.

Dimanche des troubles sont de nouveau survenus dans une dizaine de villes. A Téhéran, la police a utilisé du gaz lacrymogène et des canons à eau pour disperser un petit groupe de manifestants dimanche soir qui ont lancé des slogans hostiles au pouvoir dans le quartier de l’université.

Dans la capitale, 200 personnes ont été arrêtées. Quelque 200 autres ont été interpellées dans des villes de province ces derniers jours, selon les médias.

S’en prenant de nouveau au régime en Iran, leur ennemi juré, les États-Unis ont apporté dimanche leur soutien « au droit du peuple iranien à s’exprimer pacifiquement et être entendu ». Des ingérences dans ses affaires, a dénoncé Téhéran.

Le Quotidien/AFP