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L’Irak annonce la libération de Mossoul


Des membres de la police fédérale commençaient déjà à exprimer leur joie à Mossoul, la fin de leur mission leur ayant été signifiée. (photo AFP)

Le Premier ministre irakien Haider al-Abadi a proclamé dimanche la victoire dans Mossoul « libérée » à l’issue d’une bataille de près de neuf mois contre les jihadistes de Daech (EI), a indiqué son bureau dans un communiqué.

Le Premier ministre « arrive dans la ville libérée de Mossoul et félicite les combattants héroïques et le peuple irakien pour cette victoire majeure », indiquait le communiqué diffusé dans la journée. Le compte Twitter du Premier ministre irakien l’a montré vêtu d’un uniforme militaire en train d’arriver dans la deuxième ville du pays, où il doit faire un discours. Les combats ne semblent toutefois pas être totalement terminés dans la grand cité du nord irakien et des coups de feu et des frappes aériennes étaient encore audibles quand le bureau du Premier ministre a publié son communiqué.

L’annonce par les autorités irakiennes de la reprise totale de la ville était « imminente », avait déclaré samedi par téléphone le général américain Robert Sofge, depuis Bagdad : « Je ne veux pas spéculer (…), mais je pense que ce sera très bientôt », avait insisté le gradé américain, à la tête du centre des opérations conjointes de la coalition anti-jihadistes menée par Washington. Des policiers avaient commencé à célébrer ce qui constitue la plus grande victoire des forces irakiennes contre les jihadistes de Daech (EI).

« Ces deux derniers jours, nous sommes arrêtés à 100/50 mètres du Tigre. La fin de la bataille est proche, je dirais deux jours », avait de son côté expliqué à Mossoul le lieutenant-général Abdel Ghani al-Assadi, un commandant des troupes d’élite du contre-terrorisme (CTS).

Près de neuf mois après le début de l’opération pour reprendre la deuxième ville d’Irak, dont l’EI s’était emparé en 2014, les derniers jihadistes étaient assiégés dans deux pâtés de maisons au cœur de la vieille ville, près du Tigre. Et les derniers jihadistes, « désespérés, (…) font autant de ravages qu’ils le peuvent », a expliqué le général Sofge.

« Des engins piégés partout »

« L’ennemi a semé des engins piégés partout, à chaque endroit, dans chaque placard, dans un cas, sous un couffin même », poursuivait le gradé américain. Certains se font passer pour morts, vêtus de gilets explosifs, qu’ils mettent à feu à l’approche des forces irakiennes de sécurité. Des femmes combattantes se sont elles faites sauter au milieu de civils déplacés.

D’après le lieutenant-général Assadi, la progression est rendue lente et difficile par la présence des nombreux kamikazes, mais aussi par les bombes dans les maisons. Complication supplémentaire : l’armée ne peut utiliser les bombardements en raison de la présence de milliers de civils. Des jihadistes cherchent aussi à se fondre dans le flot des réfugiés civils, après avoir rasé leurs barbes et changé de vêtements, selon le général Sofge.

La fin des combats à Mossoul ne marquera cependant pas la disparition de Daech, qui contrôle encore des secteurs en Irak et des territoires dans l’est et le centre de la Syrie, où son fief Raqqa est assiégé par des forces soutenues par Washington. L’EI a encore « largement de quoi se battre », a estimé le général Sofge. « La libération de Mossoul va susciter une réaction » chez les jihadistes.

Civils traumatisés

Cette campagne militaire ont entraîné une crise humanitaire majeure, marquée par la fuite de près d’un million de civils selon l’ONU, dont 700 000 sont toujours déplacés. Les civils piégés dans la ville ont vécu dans des conditions « terribles », subissant pénuries en tout genre, bombardements et intenses combats, et servant de « boucliers humains » d’après les Nations unies.

Parmi les centaines de civils qui fuyaient quotidiennement ces derniers jours, des journalistes sur place ont vu une soixantaine de femmes et des enfants, inconsolables et traumatisés. Parmi eux Fatima, qui venait de revoir le ciel après quatre mois passés dans un sous-sol, sans « presque aucune nourriture ni eau ». Quand son groupe s’est mis en marche, son frère a été touché par une balle de sniper jihadiste, a-t-elle raconté.

Plus loin, une mère de famille, tunique noire et voile bleu ciel, suppliait un soldat de l’écouter. Le visage défiguré par le chagrin, elle a dit qu’elle venait juste de perdre son fils de 7 ans dans un bombardement au moment de leur fuite. « Je n’ai rien pu faire », criait-elle.

Le Quotidien/AFP

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