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Inquiétudes sur le bilan humain après des crues exceptionnelles en France et en Italie


Dans la vallée de la Vésubie, des routes ont été éventrées, des maisons perchées au-dessus du vide, la rivière en contrebas a même emporté la chaussée. (Photo : AFP)

Deux morts en Italie, huit disparus en France, des villages coupés du monde : les pluies diluviennes suivies de crues soudaines ont causé des dégâts impressionnants autour de la frontière entre ces deux pays où les secours étaient massivement déployés samedi.

Au lendemain de ces intempéries, 21 personnes qui étaient portées disparues par les autorités italiennes ont toutefois été secourues côté français des Alpes, près de Tende, dans l’arrière-pays niçois. Dans la matinée, un gendarme français porté disparu avait lui aussi été retrouvé sain et sauf.

« 21 disparus ont été retrouvés à Vievola et ont commencé à être évacués par hélicoptère », a raconté Mara Anastasia, la porte-parole de la Protection civile italienne. Parmi eux se trouvent deux Allemands et leurs petits-enfants italiens, a-t-elle ajouté.

Les pompiers du département français des Alpes-Maritimes ont précisé avoir évacué des « naufragés de la route », qui s’étaient retrouvés coincés entre deux éboulements vendredi soir, près du tunnel de Tende. Ils avaient réussi à se mettre à l’abri dans l’ancienne gare de Vievola mais ont pu être extraits de cette zone toujours très enclavée en hélicoptère samedi, ont-ils poursuivi. Selon le président de la région italienne du Piémont, limitrophe du sud-est de la France, ces intempéries sont les plus graves depuis 1994 lorsque la crue du Po et du Tarano avait fait 70 morts.

En France, le bilan est d’au moins huit disparus « et il y a de très nombreuses personnes dont nous sommes sans nouvelles », a dit le Premier ministre Jean Castex à Nice, après une visite des zones sinistrées.  L’armée et des centaines de secouristes étaient déployés côté français pour rechercher les disparus et apporter en hélicoptère des moyens médicaux et de l’eau aux habitants isolés. Les dégâts sont graves des deux côtés de la frontière : de nombreux villages ont été dévastés par les eaux et les glissements de terrain, des routes et des ponts ont été endommagés ou détruits.

Catastrophe à Vintimille

Ainsi, de Vintimille, à quelques encablures du territoire français, à Biella, les pluies abondantes qui se sont abattues à partir de vendredi après-midi sur cette région italienne vallonnée ont provoqué d’importants dégâts matériels, endommageant des bâtiments et des infrastructures.

De nombreuses routes y sont également désormais impraticables, isolant les villages, a constaté une journaliste de l’AFP tentant de se rendre à Biella, à une heure et demie de route à l’ouest de Milan. Dans le Piémont, de nombreuses localités, aux rues et aux maisons dévastées par les eaux, sont coupées du monde, sans eau ni électricité, selon les autorités de la région, qui évoquent une situation « extrêmement critique ». Les zones les plus touchées se situent dans les bassins de quatre rivières : Toce, Tanaro, Biellese et Sesia.

À Vintimille, où la Roya a quitté son lit, le maire Gaetano Scullino assure qu' »une catastrophe de ce genre n’est pas arrivée depuis 1958″.

Les inondations ont dévasté la partie ouest de la ville, causant pour des millions d’euros de dégâts, selon les autorités locales. « Nous avons perdu toutes les machines et les commandes de pâtes, d’Italie et de France. Quand je suis entré, les chambres froides flottaient », se désolait Ramon Bruno, le propriétaire d’une fabrique de pâtes, auprès de l’agence de presse Ansa.

Jamais vu

Côté français, dans les Alpes-Maritimes, jusqu’à 500 millimètres de pluies sont tombés en quelques heures, « du jamais vu depuis l’installation des instruments de mesure », selon le Premier ministre Jean Castex.

Une douzaine de communes de plusieurs vallées des Alpes du Sud  – la Roya, la Tinée, l’Esteron et la Vésubie – font face à « des dégâts matériels tout à fait impressionnants », a-t-il souligné.

Des journalistes de l’AFP qui ont pu atteindre une des zones sinistrées dans la vallée de la Vésubie ont vu des routes éventrées, des maisons perchées au-dessus du vide, la rivière en contrebas ayant emporté la chaussée, et des habitants « abasourdis ». À Roquebillière, à une cinquantaine de kilomètres au nord de Nice, deux personnes âgées ont été emportées par les flots dans l’effondrement de leur maison.

« Les pompiers n’ayant pas assez de corde longue, et même avec nos cordes à nous on ne pouvait pas arriver à la maison, donc pour les sortir c’était trop tard, puis la maison a été emportée d’un coup », a raconté un témoin de la scène, Patrick Theus.

Les villages de Saint-Martin-Vésubie, 1 400 habitants, et de Rimplas, 130 habitants, ainsi que plusieurs localités de la vallée de la Roya près de l’Italie étaient toujours « coupées du monde » samedi, inaccessibles par la route et sans réseau téléphonique. « On a eu de véritables effacements de maisons », a souligné le préfet des Alpes-Maritimes Bernard Gonzalez.

Des intempéries sur la Côte d’Azur, plutôt sur le littoral, avaient déjà fait plusieurs morts en 2019 et 20 morts en 2015.

LQ/AFP