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Inondations meurtrières en Libye : l’aide internationale s’intensifie


(Photo : AFP)

L’aide internationale à la Libye s’intensifie jeudi après les inondations dévastatrices rappelant un tsunami qui ont fait des milliers de morts et de disparus dans l’Est du pays, un bilan que l’ONU attribue en partie à l’héritage d’années de guerre et de chaos.

Cependant, l’accès à la zone sinistrée reste très difficile après la destruction de routes et de ponts, les dommages causés aux lignes électriques et téléphoniques coupées dans de vastes zones, où au moins 30.000 personnes se sont retrouvées sans abri. Le déferlement d’eau dans la nuit de dimanche à lundi à Derna a rompu deux barrages en amont, provoquant une crue éclair de l’ampleur d’un tsunami.

Les dégâts sont énormes dans cette ville côtière de 100.000 habitants où des pâtés de maisons entiers, des voitures et un nombre incalculable de personnes ont été emportés dans la mer Méditerranée.

Les incertitudes demeurent sur le bilan des victimes. Les bilans avancés par les autorités libyennes varient d’un responsable à l’autre. Si le porte-parole du ministère de l’Intérieur au sein du gouvernement de l’Est a fait état mercredi de plus de 3.840 morts, le ministre lui-même, Issam Bouznigua, a parlé quelques heures plus tard de 2.794 morts à Derna et dans les autres villes de l’Est.

Jeudi, des habitants traumatisés, des plongeurs, des secouristes et des volontaires continuent de sortir des corps des décombres ou de les repêcher en mer. Des centaines de corps ont été déjà enterrés depuis la catastrophe, parfois dans des fosses communes.

« Les disparus de Derna »

Sur une page Facebook intitulée « les disparus de Derna », on peut voir, 24 heures après sa création, des dizaines de publications présentant des noms et des photos d’enfants ou d’adultes disparus. Certaines mentionnent simplement le nom de famille. Le Comité International de la Croix-Rouge (CICR) a annoncé jeudi avoir dépêché des équipes supplémentaires dans la région pour la distribution de l’aide humanitaire, ajoutant avoir « fourni 6.000 sacs mortuaires ».

De son côté, le Programme alimentaire mondial (PAM) a indiqué jeudi dans un communiqué avoir commencé à fournir une aide alimentaire à plus de 5.000 familles déplacées par des inondations, précisant que « des milliers de familles à Derna sont maintenant sans nourriture ni abri ». L’ONU, les Etats-Unis, l’Union européenne et de nombreux pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord ont promis d’envoyer de l’aide. Des équipes de secours étrangères sont déjà à l’oeuvre à la recherche d’éventuels survivants ou de victimes.

Emportés par les flots

De plus, ce pays d’Afrique du Nord est plongé dans le chaos depuis la mort du dictateur Mouammar Kadhafi en 2011, avec deux gouvernements rivaux, l’un reconnu par l’ONU basé dans la capitale Tripoli, à l’ouest, l’autre étant installé dans la région orientale touchée par les inondations.

Un rescapé a raconté comment sa mère et lui avaient survécu. « En quelques secondes, le niveau de l’eau est soudainement est monté. Je suis sorti avec ma mère pour me réfugier chez mon frère qui habite au-dessus, mais les flots nous ont emportés (…) avant de nous projeter sur un escalier d’un bâtiment vide, à quatre maisons de la nôtre », a-t-il dit sur son lit d’hôpital, selon un témoignage publié par le Centre médical de Benghazi (Est).

« Nous avons monté l’escalier et l’eau montait avec nous jusqu’à ce que nous arrivions au quatrième étage (…). De la fenêtre, je voyais des voitures et des corps emportés par l’eau », a-t-il ajouté.

La plupart des morts « auraient pu être évitées », a estimé jeudi Petteri Taalas, patron de l’Organisation météorologique mondiale qui dépend de l’ONU. Les années de conflit en Libye ont « en grande partie détruit le réseau d’observation météorologique », tout comme les systèmes informatiques, a-t-il déclaré à Genève.

« Changement climatique »

Des experts du changement climatique ont établi un lien entre le désastre qui a frappé cette région de Libye et les effets d’une planète qui se réchauffe, combinés à des années de chaos et de délabrement des infrastructures en Libye. La tempête Daniel, qui a provoqué les inondations, a pris de l’ampleur au cours d’un été exceptionnellement chaud et s’était abattue sur la Turquie, la Bulgarie et la Grèce, avant d’atteindre la Libye dimanche.

Il s’agit d’un « nouveau rappel de l’impact meurtrier catastrophique que le changement climatique peut avoir sur notre monde », a déclaré Volker Turk, haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme. C’est la pire catastrophe naturelle touchant la Cyrénaïque, province orientale de la Libye, depuis le grand tremblement de terre qui a frappé la ville d’al-Marj (est) en 1963.

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