Au Royaume-Uni, le phénomène du covid long, qui empêchent les patients atteints de travailler, pèse lourd désormais sur l’activité économique et les finances publiques.
Alors qu’un rebond épidémique est observé dans plusieurs pays ces dernières semaines (lire notre édition du 12 août), le covid n’inquiète pas plus que ça au Luxembourg, où il circule toujours, sous la forme d’un sous-variant. Les autorités surveillent la situation de près, assurant que le taux d’infection actuel reste très faible.
En revanche, les effets du covid long continuent de pourrir la vie des patients luxembourgeois ayant développé ces symptômes très handicapants après être tombés malades lors de la pandémie. Depuis 2021 et la mise en place du parcours de soin dédié, ils sont plus de 1 000 à avoir bénéficié d’une prise en charge. Et d’après le ministère de la Santé, seul un sur dix en moyenne a pu reprendre le travail.
Si au Grand-Duché, ce phénomène reste contenu, au Royaume-Uni, le covid long freine toute l’économie du pays, alors que le nombre de personnes inactives pour maladie chronique s’est envolé. La plupart souffrent d’une fibromyalgie à l’origine de douleurs persistantes ou d’un covid long qui les empêche de travailler.
Alors que la part des actifs sur le marché de l’emploi avait atteint un pic début 2020, la pandémie a causé «un renversement soudain et spectaculaire de cette tendance», tiré surtout par des personnes «citant leur mauvaise santé comme principale raison» de leur inactivité, résume l’organisme de prévision budgétaire local, l’OBR.
Début 2023, 2,6 millions de Britanniques en âge de travailler (6,1 %) se trouvaient inactifs «pour raisons de santé», devenant pour la première fois le contingent le plus important de la population économiquement inactive, ajoute l’OBR dans un rapport. Si le taux d’inactivité est reparti à la baisse, les personnes se déclarant hors du marché du travail pour raisons de santé sont quant à elles toujours plus nombreuses.
Dans ses derniers chiffres publiés mardi (dans lesquels il fait état d’un taux de chômage en hausse à 4,2 % à fin juin) l’Office national des statistiques britannique relève que le nombre de personnes dans ce cas a «grimpé à un nouveau record».
7,9 milliards d’euros d’allocations en plus
Pointant dix ans de politique d’austérité dans la santé auxquels s’est ajouté l’effet de la pandémie de Covid-19, Chris Thomas, chercheur à l’Institut de recherche britannique sur les politiques publiques (IPPR), assure que ce phénomène «est un frein incroyablement substantiel» à l’économie britannique. Il «renforce la grande majorité des plus grands défis économiques auxquels le Royaume-Uni est confronté», indique le chercheur.
Les personnes inactives pour raison de santé aggravent malgré elles les pénuries de main-d’œuvre auxquelles sont confrontés de nombreux secteurs d’activité depuis le Brexit, tandis que leur nombre croissant met aussi sous pression les finances publiques, selon l’OBR. Cela renchérit fortement les dépenses en allocations (de l’ordre de 7,9 milliards d’euros supplémentaires pour 2023), fait gonfler les dépenses de santé tout en générant un manque à gagner fiscal pour les caisses de l’État.
Le rôle prépondérant du covid long dans ce sombre tableau est d’ailleurs confirmé par Chronic Illness Inclusion (CII), organisation qui aide les personnes souffrant de maladies chroniques : avant la pandémie, les personnes qui prenaient contact souffraient d’un large éventail de pathologies, mais désormais le covid long «est le principal facteur», constate la coprésidente.