Face aux décombres de l’immeuble soufflé dimanche à Marseille, dans le sud-est de la France, l’espoir diminue d’heure en heure de retrouver des survivants et les enquêteurs sont désormais sur place pour comprendre les causes de l’explosion.
Six corps sans vie ont déjà été retrouvés, tandis que deux personnes restent portées disparues plus de 48 heures après l’écroulement du 17 rue de Tivoli, au coeur de la deuxième ville française.
« Le bilan reste inchangé, les opérations se poursuivent » pour tenter de retrouver des survivants, a expliqué mardi à l’AFP un porte-parole des marins-pompiers sur place, alors que le tas de gravats de l’immeuble effondré a déjà considérablement diminué, avec plus de 500 mètres cubes évacués.
Selon la procureure de la République de Marseille dimanche, huit personnes étaient a priori prisonnières des décombres: « des personnes d’un certain âge et un jeune couple de trentenaires », avait précisé Dominique Laurens, qui doit donner une nouvelle conférence de presse ce mardi à 11H00 (09H00 GMT) sur les « avancées de l’enquête ».
Anna et Jacky, 82 et 86 ans, au rez-de-chaussée côté rue, Nicole, 66 ans, en rez-de-jardin, Antoinietta, 89 ans, au premier étage, Marion et Michael, 31 et 29 ans, au 2e étage, et enfin, Jacques et Anne-Marie, 73 et 74 ans, dans le duplex des 3e et 4e et étages: le quotidien local La Provence a commencé à lever le voile sur l’identité des habitants de l’immeuble et donc des victimes potentielles. En espérant que des invités non recensés n’étaient pas là au moment de l’explosion, comme l’a souligné le maire de la ville, Benoît Payan.
« Trouver un survivant, ce serait un miracle, mais on y croit », espérait encore lundi soir le père Olivier, lors d’une veillée de prière organisée avec le cardinal-archevêque de Marseille, Jean-Marc Aveline, dans l’église Saint-Michel, au coeur de ce quartier du Camas touché par le drame. Outre l’identification des corps retrouvés, les enquêteurs cherchent à comprendre les raisons de cette explosion fatale, la piste de la fuite de gaz semblant privilégiée. Sur place, 18 enquêteurs de la police judiciaire ont été déployés, aux côtés de 22 collègues de la police scientifique. Gazinière hors d’usage, suicide, fuite au niveau du réseau d’alimentation de l’immeuble? Aucune explication n’a encore été avancée.
« Ordinateur, brosse à dents »
Pour les quelque 200 personnes évacuées par précaution des immeubles voisins, la question est désormais de savoir quand ils pourront revenir chez eux. Mais cette hypothèse est désormais exclue pour les habitants du 15, qui s’est lui aussi écroulé en grande partie, quelques heures après le 17, ou ceux du 19, qui menace lui aussi de tomber.
Et d’autres immeubles pourraient eux aussi être définitivement condamnés: « Ca a été d’une violence inouïe et cela a fait bouger potentiellement les bâtiments adjacents, donc il faut être vigilant », a averti lundi l’adjoint au maire à la Sécurité, Yannick Ohanessian. Si les évacués des cinq ou six immeubles les plus éloignés du 17 rue de Tivoli pourraient rentrer chez eux dès mardi, comme l’ont annoncé les marins-pompiers lundi après-midi, pour les autres l’attente sera plus longue.
Certains des habitants des 220 logements vidés ont pu rentrer lundi l’espace de quelques minutes, pour récupérer effets personnels et documents administratifs indispensables. Ce mouvement devrait se poursuivre mardi. Que prendre avec soi dans un appartement où l’on vivait, quand on ne sait pas quand on reviendra chez soi ? Les papiers, un vélo pour aller travailler, des vêtements, des médicaments… On « oublie toujours quelque chose », ont raconté à l’AFP des habitants évacués.
« Le pire, c’est de ne pas savoir combien de temps ça va durer. Ce qui m’angoisse le plus c’est de pas savoir où je vais vivre, s’il faut que je me trouve un nouvel appartement », témoigne Alhil Villalba, 33 ans.
De leur côté, les enfants ont repris le chemin de l’école mardi, après le long week-end de Pâques. Mais pour les élèves de l’école élémentaire Franklin-Roosevelt, rue de Tivoli, la rentrée a eu un goût particulier: le bâtiment ayant été réquisitionné par les marins-pompiers, pour leur poste de commandement, ils ont été répartis dans différentes écoles du quartier.