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Hong Kong n’est plus autonome, selon les États-Unis


Le mouvement pro-démocratie manifeste notamment contre un texte criminalisant tout outrage à l'hymne national chinois. (Photo : AFP)

Les États-Unis ont formellement conclu mercredi que Hong Kong ne jouissait plus de l’autonomie promise par la Chine, ouvrant la voie à une remise en cause des privilèges commerciaux accordés à l’ex-colonie britannique dans une riposte spectaculaire à une loi sécuritaire controversée voulue par Pékin.

Signe du regain de tensions dans l’ex-colonie britannique, la police a déployé un important dispositif autour du Parlement local et procédé à des centaines d’arrestations pour dissuader les militants pro-démocratie de manifester contre l’examen d’un autre projet de loi, criminalisant tout outrage à l’hymne national chinois. Mais c’est le texte annoncé la semaine dernière par le Parlement chinois, qui doit l’examiner dès jeudi, qui a remis le feu aux poudres.

Ce projet de loi sur « la sécurité nationale » à Hong Kong vise officiellement à interdire le terrorisme, la sécession, la subversion et l’ingérence étrangère. Réponse aux mois de manifestations pro-démocratie monstres et parfois violentes dans le territoire semi-autonome, c’est un moyen de contourner les autorités hongkongaises. D’autant qu’il permet pour la première fois à la Chine d’autoriser ses services de sécurité et sa police secrète à s’implanter ouvertement à Hong Kong.

«Une décision désastreuse de Pékin», selon le secrétaire d’État américain

« Cette décision désastreuse de Pékin n’est que le dernier d’une longue liste d’actes qui sapent fondamentalement l’autonomie et les libertés de Hong Kong, et les promesses faites par la Chine elle-même au peuple de Hong Kong » dans le cadre de textes internationaux, a déclaré le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo. Selon une loi adoptée l’an dernier par le Congrès des Etats-Unis, le secrétaire d’Etat était tenu de « certifier » si le territoire jouissait toujours de son autonomie. Il a donc décidé que ce n’était pas le cas.

« J’ai certifié au Congrès que Hong Kong ne continuait pas à mériter le même traitement » que Washington lui octroyait jusqu’ici, a-t-il expliqué. « Aucune personne sensée ne peut soutenir aujourd’hui que Hong Kong conserve un haut degré d’autonomie par rapport à la Chine, au vu des faits sur le terrain. »

Concrètement, l’administration de Donald Trump devrait ainsi révoquer le statut commercial préférentiel accordé à l’ex-colonie britannique en raison de son autonomie. Dans ce climat explosif entre les deux premières puissances mondiales, le Congrès américain devait en outre adopter mercredi une loi pour sanctionner des responsables chinois pour « l’internement de masse » des musulmans ouïghours.

Appel à une vaste mobilisation

À Hong Kong, des barrières entouraient le bâtiment du Conseil législatif (LegCo), la police multipliait contrôles et fouilles. Des rassemblements spontanés ont eu lieu dans certains quartiers, parfois dispersés par des tirs de billes de gaz poivré irritant. La police a annoncé avoir procédé à plus de 300 arrestations pour rassemblement illégal. Selon des images diffusées en direct il s’agissait souvent d’adolescents. Le mouvement pro-démocratie avait appelé à une vaste mobilisation mercredi, à l’occasion de la deuxième lecture, sur trois, au LegCo d’un projet visant à punir le non-respect de l’hymne national chinois. Ce délit serait passible de trois ans d’emprisonnement.

En vertu du principe « un pays, deux systèmes », Hong Kong jouit depuis sa rétrocession à la Chine en 1997 et jusqu’à 2047 de certains droits inconnus ailleurs en Chine, notamment la liberté d’expression et un système judiciaire indépendant. Cette disposition a contribué à faire du territoire une place financière internationale majeure qui offre à la Chine une porte d’entrée économique sur le monde. La remise en cause de l’autonomie suscite donc l’inquiétude des investisseurs étrangers et des gouvernements occidentaux, comme l’a illustré vendredi le plus fort décrochage de la Bourse de Hong Kong en cinq ans.

À Taïwan, que Pékin considère comme partie de la Chine, la présidente pro-indépendance Tsai Ing-Wen a annoncé mercredi un plan d’action « humanitaire » pour accueillir les militants pro-démocratie de Hong Kong dont beaucoup viennent s’abriter dans l’île (plus de 5 000 l’an dernier, en hausse de 41 % sur un an).

Reste que la Chine, qui n’a cessé de décrire la contestation hongkongaise comme un complot subversif orchestré depuis l’étranger, semble plus que jamais déterminée à mettre fin à l’agitation politique qui secoue le territoire depuis des années.

LQ/AFP