Décembre s’annonce agité à la SNCF alors que s’ouvrent les négociations salariales annuelles, avec un premier mouvement des contrôleurs qui contraint la compagnie à annuler 60% de ses TGV et Intercités de vendredi à dimanche, et d’autres grèves prévues d’ici à la fin de l’année, y compris à Noël.
Le premier week-end de décembre va être très compliqué pour les voyageurs, avec 1 train sur 2 sur le TGV Nord, 1 sur 3 sur le TGV Est, 1 sur 4 sur le TGV Atlantique, 1 sur 3 sur le TGV Sud-Est, 1 sur 4 sur Ouigo et 1 Intercités sur 2 de vendredi à dimanche. Il n’y aura aucun train de nuit pendant le week-end.
À l’international, la compagnie prévoit un trafic normal pour Eurostar et Thalys, 1 TGV sur 3 vers la Suisse, 1 sur 2 vers l’Allemagne, 1 sur 3 vers l’Italie et aucune circulation vers l’Espagne. Une « reprise progressive » est envisagée lundi, avec 3 trains sur 4 vers tous les axes TGV.
À l’initiative de SUD-Rail, de l’UNSA et de la CFDT qui ont suivi un collectif de contrôleurs créé à la rentrée, la grève du week-end porte sur des revendications salariales, le déroulé des carrières et, globalement, une plus grande reconnaissance des spécificités de la fonction par la direction de SNCF Voyageurs.
Les presque 10 000 chefs de bord de la SNCF – généralement appelés contrôleurs –, dont près de 3 000 travaillent sur les TGV et Intercités, ont une fonction essentielle en matière de sécurité de la circulation et des voyageurs, et les trains ne peuvent pas partir sans eux.
« Dans le parcours du voyageur, le chef de bord est le seul cheminot qu’il rencontre. On se retrouve au bout de l’entonnoir de tous les problèmes », a expliqué Rénald Szpitalnik, élu SUD-Rail et contrôleur sur les TGV Paris-Milan. « Les chefs de bord sont les grands oubliés de l’équation alors qu’ils sont le métier vitrine de la SNCF! »
Noël et jour de l’an
« Ce préavis marque un échec du dialogue social », estime Didier Mathis, secrétaire général de l’UNSA-Ferroviaire. Les chefs de bord ont d’ores et déjà déposé des préavis de grève pour les week-ends de Noël et du Jour de l’an. « Une épée de Damoclès », selon Didier Mathis.
« La balle est dans le camp de la direction », abonde Thomas Cavel, secrétaire général de la CFDT Cheminots. « On attend une prise de conscience de la direction sur la condition spécifique des contrôleurs », dont les conditions de travail se sont « dégradées depuis un certain temps », insiste-t-il.
La direction de SNCF Voyageurs regrette dans un communiqué un mouvement maintenu « alors que des mesures concrètes et importantes ont été proposées aux organisations syndicales à l’issue de plusieurs semaines de négociations ».
Ces mesures portaient sur le déroulement de carrière spécifique de cette catégorie « avec une augmentation du volume de promotions et une augmentation de leur rémunération annuelle à partir de janvier 2023 ». « Des mesures complémentaires avaient par ailleurs été proposées pour faciliter le changement de métier pour celles et ceux qui le souhaitent », a-t-elle ajouté. « Des miettes », selon les syndicalistes.
Cette grève intervient à la veille du début des négociations annuelles obligatoires (NAO), qui doivent s’engager le mercredi 7 décembre au niveau du groupe SNCF. La CGT, SUD-Rail et CFDT on appelé à une « grève unitaire » ce jour-là.
Pour les voyageurs devant voyager ce week-end, la SNCF met en place le dispositif habituel : les clients ayant laissé leurs coordonnées doivent être informés mercredi, par mail ou SMS, de la circulation, ou non, de leur train. La compagnie leur recommande de toute façon de vérifier les horaires avant de se rendre en gare et, quand cela est possible, de reporter leurs trajets.
Tous les voyageurs, que leur train soit maintenu ou annulé, et quel que soit leur billet – TGV Inoui, Ouigo et Intercités – pourront être remboursés intégralement pour des voyages prévus entre vendredi et lundi, ou échanger leur billet sans frais dans tous les trains où il reste de la place jusqu’au jeudi 8 décembre inclus, selon SNCF Voyageurs.