L’iconoclaste ancien ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis, a lancé lundi à Athènes un nouveau parti en vue des législatives prévues en Grèce en septembre 2019, dans la mouvance de DiEM25 créé dans plusieurs pays d’Europe.
« Nous n’allons pas mâcher nos mots », a souligné lors d’une conférence de presse Yanis Varoufakis, 57 ans, assis devant une représentation en néon rouge du logo de son parti, MeRA25, sur la scène d’un théâtre du centre d’Athènes.
S’engageant à « apporter un espoir réaliste » dans son pays, Yanis Varoufakis, à présent professeur d’Economie à l’Université d’Athènes, a souligné que MeRA25, « Front de désobéissance réaliste européenne à l’horizon 2025 », fait partie du DiEM25, « Mouvement pour la démocratie en Europe 2025 », le mouvement transnational et anti-establishment qu’il a largement contribué à lancer début 2016. Composé de « gens de gauche et issus du libéralisme, de Verts et de féministes », DiEM25 appelle à « un nouveau pacte » pour le Vieux Continent frappé par les retombées de la crise économique entamée il y a dix ans. Il se veut un « mouvement européen radical visant à lutter contre l’establishment qui gouverne l’Europe ».
Pour la Grèce, Yanis Varoufakis suggère à travers MeRA25 une restructuration de la dette, des baisses d’impôts et la création d’une société publique chargée de gérer la dette des clients des banques et de protéger les clients surendettés des saisies immobilières. Les relations entre Yanis Varoufakis et les créanciers de la Grèce, UE et FMI, avaient souvent été tendues pendant les six mois où il a été ministre des Finances, dans le premier gouvernement Syriza d’Alexis Tsipras, de janvier à juillet 2015.
« Désobéissance responsable »
Il a depuis très largement pris ses distances avec ce dernier. Quelques jours après la démission de Yanis Varoufakis, Alexis Tsipras, sous pression des créanciers, avait en effet accepté de signer un troisième plan d’aide au pays, contre tous les engagements électoraux de Syriza.
Le DiEM25 n’a pas de dirigeant: dans les prochains mois, ses membres, dans les pays où le mouvement est actif, éliront un secrétaire général, désigneront des candidats pour les Européennes et élaboreront une plateforme électorale pour chaque pays, a précisé Yanis Varoufakis lundi. Cette initiative européenne promet « une désobéissance responsable » dans des pays où DiEM25 est déjà présent, comme la France, l’Allemagne, le Royaume Uni, l’Irlande, le Portugal, la Pologne et la Lituanie. Parmi ses soutiens figurent l’intellectuel américain Noam Chomsky et le musicien britannique Brian Eno.
Le Quotidien/AFP