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France : « vigilance », la circulation du Covid-19 augmente


Le Premier ministre français demande de «porter de plus en plus le masque» pour éviter une deuxième vague. (photo AFP)

Un Premier ministre qui porte ostensiblement le masque alors que la circulation du coronavirus tend à augmenter, ce qui n’était pas le cas ces dernières semaines : les autorités ont appelé vendredi à « la vigilance » face au risque d’une deuxième vague de l’épidémie.

« J’ai demandé à tous les acteurs de porter de plus en plus le masque pour nous prémunir au mieux d’une éventuelle deuxième vague de l’épidémie sur laquelle je n’ai pas d’information, ni officielle ni cachée. Mais la meilleure façon de la combattre, c’est de la prévenir », a affirmé Jean Castex lors d’un déplacement à Dijon. Dans le même temps, l’agence sanitaire Santé publique France a publié son point hebdomadaire sur l’épidémie. Contrairement à ces dernières semaines, elle note une « nouvelle tendance à l’augmentation de la circulation du virus SARS-CoV-2 ». Pour autant, la circulation virale se maintient « à un niveau bas ».

Cette observation concerne toute la France, à l’exception de la Mayenne, où sont apparus plusieurs foyers (clusters), de la Guyane et de Mayotte, toutes deux actuellement très touchées. L’un des indicateurs symboliques de cette augmentation est le fameux « R effectif », c’est-à-dire le nombre de personnes infectées par un malade. Alors qu’il était inférieur à 1 au niveau national ces dernières semaines, ce nombre, basé sur les tests virologiques positifs, est repassé au-dessus de cette barre en métropole. « La semaine dernière, en métropole, ce R était de 1,05, légèrement supérieur à 1, et en hausse par rapport à la semaine précédente, ce qui va dans le sens d’une tendance à l’augmentation de la circulation du virus », dit à l’AFP Sophie Vaux, de Santé publique France (SpF). Si en moyenne un malade infecte moins d’une personne, l’épidémie régresse. S’il en infecte deux (R=2), l’épidémie se diffuse, s’il en infecte une (R=1), l’épidémie se maintient, explique-t-elle.

« Il semble qu’on soit revenu à la situation de janvier »

De plus, « on a une tendance à l’augmentation des nombres de nouveaux cas confirmés, mais qui reste modérée », ajoute-t-elle. « On ne parle pas d’explosion de cas, mais il y a un frémissement qui appelle à la vigilance ». « Les Français ont envie de vacances, envie d’oublier tout ce qu’ils ont vécu au cours de ces mois. (…) Il y a une chose qu’ils ne doivent pas oublier, ce sont les gestes barrières », a de son côté insisté le ministre de la Santé, Olivier Véran, sur BFMTV/RMC. « Il ne faut pas vivre dans l’angoisse permanente, il faut vivre dans la vigilance », a fait valoir le ministre, alors que l’état d’urgence sanitaire prenait fin vendredi soir.

« J’observe qu’il y a un relâchement de certains comportements dans certaines situations, dans tous les milieux », a-t-il souligné, incluant le gouvernement dont certains membres n’ont pas respecté la distanciation physique lors des passations de pouvoir. Ce discours est martelé ces derniers jours par les autorités sanitaires. « On est vraiment à un moment où on a des facteurs susceptibles de favoriser la reprise de l’épidémie et c’est absolument ce qu’on doit éviter », souligne ainsi Sophie Vaux, en citant l’exemple de la Mayenne où il y a eu en quelques semaines une très forte augmentation des cas.

« Aujourd’hui, il semble qu’on soit revenu à la situation de janvier », où « le virus circulait déjà à bas bruit en France dans certains endroits », a affirmé l’épidémiologiste Dominique Costagliola jeudi au site The Conversation. Elle a mis en garde contre l’éventualité «d’un événement de super-propagation », c’est-à-dire « des circonstances particulières qui font qu’une chaîne de transmission va s’emballer et devenir épidémique ». « Le virus continue à circuler, donc si on lui offre de nouvelles occasions de ‘super-propagation’, il les saisira », a-t-elle prévenu. Par ailleurs, SpF a établi qu’avant mi-avril, près de 7 % de la population de France métropolitaine (6,7 % exactement) avaient déjà été infectés par le nouveau coronavirus, soit 4 368 000 personnes. Le Grand-Est (10,98 %) et l’Île-de-France (10,57 %) sont les régions qui ont la proportion de gens déjà infectés la plus élevée, et la Corse (0,61 %) a le taux le plus bas, selon ces estimations.

AFP/LQ