Les dérogations temporaires prévues par la France pour permettre à ses agriculteurs de réutiliser des insecticides néonicotinoïdes, néfastes pour les abeilles, seront « réservées » à la culture de la betterave et ne pourront être étendues à d’autres cultures, a indiqué le gouvernement mercredi.
Le projet de loi, qui doit être présenté jeudi en conseil des ministres, s’appuie sur l’article 53 du règlement européen sur les produits phytosanitaires permettant de déroger à l’interdiction de certains de ces produits lorsqu’il existe un « danger qui ne peut être maîtrisé par d’autres moyens raisonnables ».
Ici le danger identifié est la « jaunisse de la betterave », transmise par un puceron vert vecteur du virus, qui se développe sur les cultures françaises dont les semences n’ont pas été enrobées au préalable de cet insecticide.
La baisse des rendements induite menace la pérennité de la filière française de betteraves à sucre, qui emploie 46.000 personnes.
L’interdiction des insecticides néonicotinoïdes est valable dans toute l’Union européenne, mais la France était le seul pays à vraiment l’appliquer depuis septembre 2018, suite à la loi de biodiversité de 2016.
Douze pays ont demandé et obtenu des dérogations qui préservent leurs rendements de production betteravière, dont la Belgique, l’Allemagne, l’Autriche, le Danemark, l’Espagne et la Pologne.
De source gouvernementale, on précise par ailleurs que la ré-autorisation, qui sera valable pour 2021, 2022 et 2023, sera soumise à un arrêté pris chaque année par les ministères de l’Agriculture et de l’Environnement.
Le texte de loi présenté jeudi ne portera pas la mention des betteraves car il se réfère à un texte européen générique, mais l’arrêté sera spécifiquement axé sur la culture des betteraves, a ajouté la même source.
Début août, les producteurs de maïs avaient indiqué qu’ils souhaitaient eux aussi bénéficier d’une dérogation pour utiliser des semences enrobées de néonicotinoïdes.
AFP