Accueil | Monde | France : des féministes dénoncent un « remaniement de la honte »

France : des féministes dénoncent un « remaniement de la honte »


Gérald Darmanin, le nouveau ministre de l’Intérieur, a été mis en cause par une femme début 2018, pour viol, une accusation qu'il réfute. Sa nomination, lundi, a suscité l’ire des militantes féministes. (photo AFP)

Des militantes féministes ont dénoncé mardi un « remaniement de la honte » après la nomination de Gérald Darmanin au ministère de l’Intérieur et d’Éric Dupond-Moretti à la Justice lors d’actions coup de poing contre les violences sexuelles.

Pendant la passation de pouvoir entre Christophe Castaner et Gérald Darmanin, une vingtaine de militantes se sont rassemblées près du ministère de l’Intérieur en appelant à la démission du nouveau locataire de la place Beauvau, visé par une plainte pour viol. Descendant la rue avec des fumigènes et des pancartes « Darmanin à l’Intérieur, vous vous torchez avec nos plaintes », ces militantes ont été rapidement stoppées par les forces de l’ordre qui quadrillaient le quartier, proche de l’Élysée, a constaté une journaliste de l’AFP.

Ces manifestantes, qui répondaient à un appel spontané sur les réseaux sociaux, ont scandé des slogans hostiles au ministre (« Darmanin violeur, police complice ») mais aussi à Éric Dupond-Moretti (« Un violeur à l’Intérieur, un complice à la Justice »), à qui elles reprochent « un désintérêt et des attaques » contre les prises de paroles de femmes victimes de violences. « Ce remaniement montre bien que nous ne sommes pas entendues, pas crues. La promotion de Gérald Darmanin est une blague… Cela suscite tellement de colère, de désespoir que nous poursuivrons nos actions », a déclaré Tiphaine, une militante, regrettant de ne pas avoir pu « aller devant le ministère ».

Lors d’une seconde manifestation organisée devant l’église de la Madeleine, une cinquantaine de militantes du collectif #Noustoutes, vêtues de noir, ont procédé à l’enterrement symbolique de l’égalité hommes-femmes, décrétée « grande cause du quinquennat » par l’exécutif.

Cette plainte  n’est « pas un obstacle » à sa nomination

Emmanuel Macron « a perdu une fois de plus toute légitimité à parler des violences sexistes et sexuelles », a lancé devant des journalistes une responsable du collectif. « Avec la nomination de Gérald Darmanin », cette « grande cause » « a connu un coup fatal », a-t-elle insisté. À l’issue de ce rassemblement, des roses blanches et rouges ont été déposées devant un cercueil surplombé par un aigle noir géant sur lequel était inscrit le nom du nouveau ministre. « La culture du viol est en marche », ont scandé les militantes.

Gérald Darmanin a été mis en cause par deux femmes début 2018, l’une pour viol, l’autre pour abus de faiblesse, des accusations qu’il réfute. Si l’enquête se poursuit pour la première, le parquet a rendu un non-lieu concernant la seconde. L’entourage du président a fait savoir lundi soir que cette plainte ne constituait « pas un obstacle » à sa nomination en tant que ministre de l’Intérieur, ce qui a déclenché la « colère » des féministes. Éric Dupond-Moretti, pour sa part, a été épinglé pour avoir critiqué en 2018 le fait que « siffler une femme » dans la rue « devienne une infraction pénale ». « Il y a à mon avis une hystérisation du débat qui est totalement inutile (…) Il y a d’ailleurs des femmes qui ont dit ‘Moi, ça me fait très plaisir d’être sifflée' », avait-il déclaré.

AFP/LQ

PUBLIER UN COMMENTAIRE

*

Votre adresse email ne sera pas publiée. Vos données sont recueillies conformément à la législation en vigueur sur la Protection des données personnelles. Pour en savoir sur notre politique de protection des données personnelles, cliquez-ici.