Alain Juppé a confirmé lundi « une bonne fois pour toutes » qu’il ne serait « pas candidat » à l’élection présidentielle, et qu’il ne jouerait pas le rôle de recours à François Fillon, dont il a affirmé que « l’obstination » conduisait à une « impasse ».
« Je confirme une bonne fois pour toutes que je ne serai pas candidat à la présidence de la République », a déclaré le maire (LR) de Bordeaux dans une déclaration à la presse. « Pour moi, il est trop tard », a-t-il ajouté, expliquant d’un ton grave qu’il n’incarnait pas, à 71 ans, le « renouvellement ».
Disant avoir reçu « de très nombreux appels » en faveur de sa candidature qui l’ont « fait hésiter », M. Juppé a définitivement exclu de se présenter comme un recours à François Fillon, considérablement fragilisé l’affaire de l’emploi présumé fictif de son épouse.
S’exprimant depuis son fief, le finaliste de la primaire de la droite, largement remportée par François Fillon, a fait le constat d’une « gauche déboussolée (et) fracturée », d’un FN « empêtré dans les démêlés judiciaires de madame Le Pen », et de l' »immaturité politique et la faiblesse (du) projet » d’Emmanuel Macron, et ainsi déploré le « gâchis » de sa propre famille politique.
« Au lendemain de notre primaire (…) François Fillon, à qui j’avais immédiatement apporté mon soutien, (…) avait un boulevard devant lui, je lui ai renouvelé ce soutien à plusieurs reprises », a-t-il rappelé.
« Son système de défense fondé sur la dénonciation d’un prétendu complot et d’une volonté d’assassinat politique l’ont conduit dans une impasse », a-t-il déploré.
« François Fillon n’a cessé d’affirmer sa détermination, hier soir encore son obstination », a regretté M. Juppé. Il a considéré également que « le noyau des militants et sympathisants LR s’est radicalisé » et qu’il n’était lui-même « pas en mesure de réaliser le nécessaire rassemblement autour d’un projet fédérateur ».
« C’est ce que je dirai à Nicolas Sarkozy et à François Fillon s’ils souhaitent me rencontrer », a-t-il ajouté, en réponse à la proposition faite lundi par l’ancien Président d’une réunion avec les deux hommes.
« Les Français veulent un profond renouvellement de leurs dirigeants politiques et à l’évidence, je n’incarne pas ce renouvellement », a déclaré M. Juppé.
Constatant l’accroissement de « l’exigence d’exemplarité des Français » vis-à-vis de leurs politiques, M. Juppé, condamné en 2004 à 14 mois avec sursis et un an d’inéligibilité pour l’affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris, a concédé qu’il ne « pouvait répondre pleinement à cette exigence même si la justice qui (l)’a condamné (l)’a exonéré de tout enrichissement personnel ».
« Je ne veux pas livrer mon honneur et la paix de ma famille en pâture aux démolisseurs de réputation », a-t-il lancé.
Jugeant qu’il n’était « jamais trop tard pour la France », M. Juppé a annoncé qu’il continuerait à « servir nos concitoyens » depuis Bordeaux. Il a ajouté qu’il ne se « priverai(t) pas d’exprimer (s)on point de vue sur les grandes questions d’avenir ».
Le Quotidien/AFP