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Europe : un été de bien mauvais augure


Désormais, les effets du réchauffement climatique se font de plus en plus sentir : sur les huit derniers étés, six sont dans le «top 10». (Photo : Fabrizio Pizzolante)

On se souviendra longtemps de cet été un peu partout en Europe. Serait-ce l’heure d’une prise de conscience? Voici quelques données recueillies près de chez nous…

FRANCE Canicules record pour l’été 2022, avec trois vagues de chaleur et 33 jours au total, une «préfiguration» d’un avenir marqué par le changement climatique et son cortège d’incendies, sécheresses et autres orages meurtriers. À 2,3 °C au-dessus des normales de la période 1991-2020, il s’installe à la deuxième place des étés (juin-juillet-août en météorologie) les plus chauds en France métropolitaine depuis le début des mesures en 1900, a annoncé Météo-France mardi. Il n’est devancé, comme pour le Luxembourg, que par l’été 2003 (2,7 °C au-dessus des normales), mais l’année de la grande canicule est souvent considérée comme un «ovni météo».

Désormais, les effets du réchauffement climatique se font de plus en plus sentir : sur les huit derniers étés, six sont dans le «top 10». «Une préfiguration» de l’avenir, a souligné Samuel Morin, directeur du Centre national de recherches météorologiques de Météo-France, en présentant ce bilan. Vers 2050, «on s’attend à ce qu’à peu près la moitié des étés soient d’un niveau de températures comparable voire supérieur». Et ce, même si les émissions de gaz à effet de serre qui causent le réchauffement sont contenues.

Des records pulvérisés

Le premier épisode de canicule a sévi dès juin, le plus précoce jamais vu dans le pays, suivi de deux autres de 14 jours chacun en juillet et août. Une durée totale de 33 jours, du jamais vu. «Un été long, éprouvant, difficile», a résumé Matthieu Sorel, climatologue à Météo-France. Résultat, les records sont tombés à la pelle, avec 87 températures maximales dépassées localement, pulvérisant de nombreux records dans l’Ouest et sur la façade Atlantique, souvent de plusieurs degrés.

Mais aussi 86 records de températures minimales, avec de nombreuses «nuits tropicales», quand le mercure ne descend pas sous les 20 °C, mettant à mal les organismes, privés de récupération. Nice vient de connaitre sa 61e nuit tropicale d’affilée! Le record absolu en journée, 43 °C, a été pour Arcachon (loin toutefois des 46 °C en juin 2019 à Vérargues dans l’Hérault), mais le thermomètre s’est envolé jusque sur la Côte d’Opale dans le Nord, avec 39,9 °C au Touquet le 19 juillet.

Un été qui entre dans le livre des records

BELGIQUE Les médias belges ont également dévoilé hier le bilan de la station d’observation d’Uccle qui prend des mesures depuis 1833. Le mois d’août a atteint un nouveau record absolu à la station d’observation depuis sa création pour la température moyenne avec 21,4 °C, contre une normale de 18,4 °C, a indiqué hier l’Institut royal météorologique (IRM). Le précédent record avait été établi en 1997 avec 21,2 °C. La température maximale moyenne a affiché 26,8 °C (normale de 23,0), un record absolu, et 15,8 °C pour la température minimale moyenne (normale de 13,9).

Des précipitations historiquement faibles

Selon les données de la station, le mois d’août a par ailleurs établi un autre record : la température maximale a été d’au moins 20 °C tous les jours, sans exception (normale de 23,9 jours), précise l’agence de presse Belga dans son compte rendu. Concernant les précipitations, il s’agit également du deuxième mois d’août le plus sec de la période de référence actuelle, ajoute l’IRM. Il n’est tombé que 17,8 mm de précipitations à Uccle (normale de 86,5 mm), le plus faible total après 1991 (15,7 mm). Aucune précipitation n’y a d’ailleurs été enregistrée du 21 au 31 août!

Le Royaume-Uni découvre les 40 °C

À Uccle, l’été 2022 a été particulièrement sec en termes de déficit de précipitations avec seulement 110,6 mm de précipitations (normale de 234,2 mm). Les faibles précipitations de la période juillet-août constituent un record absolu (23,0 mm) depuis 1833. Cet été s’est aussi révélé beaucoup plus chaud : la température moyenne à Uccle était de 19,6 °C (normale de 17,9), à proximité du record de 2018 (19,9 °C). L’été 2022 a par ailleurs enregistré 81 jours au-delà de 20 °C (normale de 64,5), 36 au-dessus de 25 (normale de 23,9 jours) et 12 jours plus chauds que 30 °C (normale de cinq jours).

ROYAUME-UNI L’été 2022 a été le plus chaud jamais enregistré en Angleterre, et le quatrième à l’échelle du Royaume-Uni. Pour l’Angleterre, la température moyenne a atteint 17,1 °C durant les trois mois d’été (juin, juillet et août pour les services météo), nuits comprises, un record à égalité avec celui de 2018, ont indiqué hier les services météorologiques britanniques.

Certaines régions ont enregistré «moins de 50 % de leur quantité habituelle de précipitations», a précisé le Met Office à partir de données provisoires. L’est et le nord-est de l’Angleterre ont particulièrement souffert de cette chaleur, qui n’a pas épargné le reste du Royaume-Uni, où l’été 2022 est le quatrième plus chaud depuis le début des relevés en 1884. En juillet, les températures ont dépassé les 40 °C pour la première fois au Royaume-Uni, mois le plus sec jamais enregistré dans de nombreuses régions du sud et de l’est de l’Angleterre.

Si les pluies ont quelque peu fait leur retour en août, «cela ne suffit pas pour nous rapprocher des niveaux habituels à cette époque de l’année», indiquent les services météorologiques. Au total, 538 millimètres de pluies sont tombés depuis le début de l’année au Royaume-Uni, faisant de 2022 l’année la plus sèche depuis la sécheresse historique de 1976. Le pays connaît ainsi «ses huit premiers mois de l’année les plus chauds» depuis le début des mesures, l’hiver et le printemps n’ayant pas permis de constituer des réserves.