Des dizaines de milliers de participants au Burning Man, où une personne est décédée, étaient encore piégés dimanche sur le site de ce rassemblement annuel en plein désert du Nevada, transformé en bourbier après de fortes pluies.
La police de l’Etat américain du Nevada (Ouest) a annoncé samedi enquêter sur une mort « survenue au cours de cet épisode de fortes pluies », sans fournir davantage de détails sur les circonstances du décès.
Burning Man est un rassemblement annuel indéfinissable, entre célébration de la contre-culture et retraite spirituelle, créé en 1986 à San Francisco. Depuis les années 1990, il se déroule dans le désert de Black Rock, une zone protégée au nord-ouest du Nevada, que les organisateurs se sont engagés à préserver.
Sur des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, la « Playa », immense terrain à ciel ouvert, est visiblement devenue impraticable.
« Un peu plus de 70.000 personnes » étaient encore bloquées sur le site dimanche matin, selon le shérif du comté, Nathan Carmichael, interrogé par CNN.
Les accès à Black Rock City, le nom du site du rassemblement, à quelques dizaines de kilomètres des premières habitations, ont été fermés dès vendredi en raison des intempéries.
Certains, effrayés par la situation tentent de quitter le site à pied, aux chaussures parfois enrobées de sacs plastiques en guise de bottes, pour rejoindre la seule route praticable située à quelque 8 km.
« Ce fut une marche de 10 kilomètres incroyablement éprouvante, faite à minuit à travers la boue lourde et glissante, mais j’ai réussi à m’en sortir sain et sauf », raconte Neal Katyal, un avocat qui participait au festival, sur son compte X (ex-Twitter).
« Comme des sables mouvants »
« C’était très glissant et la boue est comme du ciment, elle s’accroche à vos bottes » et peut « agir comme des sables mouvants », prévient-il, invitant les personnes à ne tenter la traversée qu’en groupe et à condition d’être en bonne condition physique.
D’autres ont tenté en vain de le faire en voiture, un véhicule SUV enfoncé dans la boue jusqu’au bas de caisse, selon l’une des rares vidéos postées, l’accès internet étant limité.
Une Néerlandaise de 40 ans, Pascale Brand, a décidé, après avoir « beaucoup pleuré », de partir « quoi qu’il arrive ».
« J’ai pris peur de ce qui se passe tant de gens manquent de papier toilette, d’eau et de nourriture, j’ai senti qu’il fallait que je m’en sorte », déclare-t-elle.
Elle est montée dans la voiture d’un voisin, avec qui elle a réussi à quitter les lieux malgré la boue.
Selon un responsable de la Maison Blanche, le président Joe Biden a été informé de la situation. « Les participants à l’événement doivent écouter les autorités nationales et locales, ainsi que les organisateurs de l’événement », a conseillé le responsable.
Les autorités locales demandent aux personnes de « rester sur place jusqu’à ce que le sol redevienne suffisamment solide et sûr » pour permettre les déplacements.
L’événement est censé se terminer lundi, mais les festivaliers pourraient rester bloqués jusqu’à mardi ou mercredi, s’il devait encore pleuvoir.
« Je suis chirurgien et je dois travailler mardi, mais je commence à réaliser que cela ne va pas être possible, et que les patients vont avoir besoin de moi, mais je ne peux y rien faire », explique le docteur T, un festivalier ukrainien vivant en Californie ayant requis l’anonymat.
« Assez de thon pour une semaine »
Les organisateurs invitent depuis samedi matin les participants à « conserver eau, vivres et carburant et trouver un abri chaud et sûr ». Ils s’affairaient également à déployer des antennes pour fournir un accès internet.
« Nous venons ici (en plein désert, NDLR), en sachant que c’est un lieu où il faut apporter tout ce dont on a besoin pour survivre. C’est pour cette raison que nous sommes tous bien préparés à ce type d’événement météorologique », ont-ils assuré samedi dans un communiqué.
Certains participants témoignent de l’entraide en vigueur. « Les gens sont très généreux », assure M. Katyal.
La mise à feu du géant de bois installé au centre de la « Playa », qui marque la fin du festival et lui donne son nom, a été reporté à lundi soir, ont indiqué dimanche les organisateurs.
Les pluies ont entraîné ailleurs au Nevada des inondations, notamment dans la ville de Las Vegas.
Le Burning Man avait été confronté l’année dernière à une intense vague de chaleur avec des vents forts qui avaient déjà rendu l’expérience difficile pour les « burners », surnom des festivaliers.