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États-Unis : la très décriée Betsy DeVos confirmée de justesse à l’Éducation


Betsy DeVos, adoubée par son vice-président Mike Pence. (photo AP)

Milliardaire, pro écoles privées et religieuses, pro armes dans les établissements scolaires. La plus décriée des ministres du président américain Donald Trump, Betsy DeVos, a été confirmée de justesse mardi à la tête de l’Éducation lors d’un vote très serré au Sénat.

Sa nomination par Donald Trump a suscité tant de rejet du monde éducatif et syndical qu’il a fallu que le vice-président des États-Unis, Mike Pence, se déplace au Capitole pour voter en personne, comme la Constitution le lui permet en cas d’égalité, ce qui était le cas avec 50 voix pour et 50 voix contre. Deux des 52 républicains se sont joints aux 48 démocrates pour tenter de recaler Betsy DeVos. « Le vote d’aujourd’hui aidera chaque enfant à avoir une chance d’obtenir la meilleure éducation possible », a soutenu Mike Pence.

La dernière fois que le Sénat a rejeté une nomination date de 1989, une infamie à laquelle la républicaine a échappé à une voix près. « Elle est la moins qualifiée dans un gouvernement historiquement peu qualifié », a accusé le chef du groupe démocrate, Chuck Schumer. Un mouvement national de contestation était monté dans le pays ces dernières semaines, inondant les sénateurs de courriers et coups de téléphone. Pendant 24 heures, les sénateurs démocrates se sont succédé dans l’hémicycle, y compris la nuit dernière, afin de dénoncer la ministre qualifiée tour à tour d’incompétente et d’ennemie de l’éducation publique.

Généreuse donatrice… du parti républicain

A l’inverse, ses partisans soutiennent que l’arrivée de cette « outsider » représente la meilleure chance de réforme d’un système éducatif déficient, en retard sur d’autres pays développés. « Les sénateurs protestent pour garder le statu quo », a pesté Donald Trump sur Twitter. « Betsy DeVos est une réformiste, elle fera une grande ministre de l’Education pour nos enfants ! »

La républicaine est l’épouse du milliardaire Dick DeVos, dont le père fonda en 1959 Amway, société de vente directe devenue multinationale. Le père de Betsy DeVos, Edgar Prince, a fondé l’organisation conservatrice et religieuse Family Research Council en 1983. Fervent protestant, le couple DeVos est politiquement très influent dans leur État du Michigan, près des Grands Lacs. Le mari fut candidat malheureux à l’élection pour le poste de gouverneur en 2006. Le couple est ensuite devenu le plus grand mécène du parti républicain dans le Michigan, finançant quantité de candidats et poussant en même temps leur projet de réforme scolaire. Elle-même présida l’antenne locale du parti.

Des écoles privées financées avec l’argent public

Le Michigan est un laboratoire pour la création de « charter schools », ces écoles privées financées en partie par des fonds publics. Elles offrent aux élèves, selon ses promoteurs, un « choix » alternatif aux écoles publiques qui sont dans la ligne de mire des conservateurs en raison de l’influence des syndicats et de l’impossibilité de licencier les enseignants considérés comme mauvais. Au niveau national, Betsy DeVos a fondé en 2010 l’American Federation for Children dans le but d’accompagner ce mouvement.

Lors d’un grand oral difficile le 17 janvier, la candidate avait refusé de clairement s’engager à ne pas réduire le budget de l’éducation. « Toute les écoles ne servent pas les élèves qui y sont assignés », a-t-elle dit, martelant qu’elle souhaitait donner un « choix » aux parents, un euphémisme désignant les écoles privées et religieuses. Betsy DeVos soutient également le mouvement pour l’éducation à domicile, préférée par de nombreux conservateurs chrétiens à l’éducation laïque.

Aux États-Unis, le secrétaire à l’Éducation supervise un budget annuel de 68 milliards de dollars et est garant de l’application des lois fédérales. Or Betsy DeVos a trébuché en répondant à une question sur la portée d’une loi de 1990 sur les droits des enfants handicapés, disant « avoir mal compris » la question. Et, interrogée sur les armes à l’école, elle a cité l’exemple d’un établissement rural qui en aurait besoin « pour se protéger de grizzlis potentiels », une phrase qui lui a valu d’être caricaturée dans la grande émission satirique Saturday Light Live.

Le Quotidien/AFP