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Espionnage : deux scientifiques accusés à tort


Le président américain Barack Obama et son homologue chinois Xi Jinping le 12 novembre 2014 à Pékin. (photo AFP)

Deux scientifiques sino-américains accusés à tort d’espionnage aux Etats-Unis, avant que la justice n’abandonne ses poursuites, ont raconté leur calvaire, dans un contexte de fortes tensions entre Pékin et Washington sur ce dossier.

Ces deux affaires distinctes visant un homme et une femme d’origine chinoise, résidents aux Etats-Unis depuis plus de 20 ans et naturalisés américains, ont poussé des élus à réclamer une enquête, dix jours avant la visite d’Etat à la Maison Blanche du président chinois Xi Jinping qui sera dominée par des soupçons de piratage informatique et d’espionnage industriel.

Le professeur Xiaoxing Xi, ancien président de la faculté de physique de l’université Temple (Pennsylvanie, est) a appris la semaine dernière qu’il ne serait finalement pas inculpé d’espionnage pour avoir partagé un schéma scientifique avec un collègue chinois.

En mars, une experte en hydrologie de la météo nationale américaine, Sherry Chen, s’était également vu notifier l’abandon de poursuites par la justice américaine pour avoir eu accès à des données sensibles et avoir menti à des agents fédéraux.

Les deux scientifiques, qui ne se connaissent pas, n’auront plus à redouter d’éventuelles lourdes peines de prison, mais Mme Chen a exprimé, mardi soir devant la presse, sa détresse après avoir perdu un travail qui la passionnait et l’humiliation ressentie pour sa famille et ses collègues. Elle avait été interpellée juste avant les vacances de Noël l’an dernier, à son bureau dans l’Ohio, menottée et emmenée de force devant tous ses collaborateurs, a-t-elle raconté la voix tremblante et au bord des larmes.

« J’ai été totalement brisée », a-t-elle témoigné, dénonçant le fait d’être passée « du jour au lendemain » du statut « d’employée modèle » à celui de « criminelle ». « Tout ce pour quoi j’ai travaillé depuis plus de deux décennies s’est envolé », a lancé Mme Chen. M. Xi a lui aussi narré avec beaucoup d’émotion comment des policiers fédéraux avaient fait irruption chez lui en mai dernier, le menottant et l’embarquant sous les yeux de sa femme et de ses enfants médusés. « Je ne crois pas que ma femme ait eu une seule bonne nuit de sommeil depuis ce jour-là », a-t-il soufflé.

Aux yeux de leur avocat commun, Peter Zeidenberg, du cabinet Arent Fox de Washington, « il est toujours facile d’être un grand avocat quand on a des clients innocents ».

Discrimination contre des Sino-Américains

Les cas de Mme Chen et de M. Xi, qui s’ajoutent à ceux d’autres Américains d’origine chinoise mis en cause pour espionnage présumé, ont fini par convaincre des élus du Congrès de demander des comptes au FBI. « Voilà encore un exemple d’arrestations et de poursuites discriminantes menées par les autorités fédérales », a tonné un représentant démocrate pour la Californie, Ted Lieu.

Un groupe d’Américains asiatiques au Congrès et la représentante Grace Meng de l’Etat de New York ont également réclamé une enquête administrative visant le FBI. Ces affaires sont médiatisées avant la rencontre le 25 septembre à la Maison Blanche entre le président Barack Obama et son homologue chinois Xi Jinping.

Le contexte est tendu: sans que cela ait été confirmé, des responsables américains avaient évoqué ces derniers jours de possibles sanctions contre des Chinois soupçonnées d’être à l’origine d’attaques informatiques sur le territoire américain.

Le récent piratage des données personnelles de plusieurs millions d’employés fédéraux américains, attribué à la Chine par plusieurs médias américains, avait fait monter la tension. Les attaques informatiques ne sont « pas acceptables », avait lancé la semaine dernière le président Obama, précisant qu’il entendait aborder ouvertement la question avec le président Xi.

Quant aux soupçons d’espionnage industriel et économique, les Etats-Unis demeurent « profondément préoccupés par le vol électronique, parrainé par le gouvernement chinois, d’informations économiques confidentielles et de technologies brevetées d’entreprises américaines », selon le département d’Etat.

 

AFP / S.A.

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