Dix-neuf anciens dirigeants socialistes d’Andalousie, fief historique du Parti socialiste espagnol (PSOE), ont été condamnés mardi à des peines de prison ou d’inéligibilité pour l’un des plus gros scandales de corruption de ces dernières décennies dans le pays.
Cette condamnation par le tribunal de Séville intervient dans une période délicate pour le chef du gouvernement socialiste Pedro Sanchez, qui tente de trouver les soutiens nécessaires pour être reconduit au pouvoir après avoir remporté, affaibli, les élections législatives du 10 novembre.
Dans cette affaire baptisée ERE (acronyme espagnol désignant les plans sociaux), ces anciens membres du gouvernement andalou ou de l’administration régionale sont condamnés pour avoir attribué dans la plus totale opacité des centaines de millions d’euros d’aides destinés en principe à assister les salariés licenciés et les entreprises en difficulté. Parmi eux, Manuel Chaves, baron du PSOE plusieurs fois ministre, et président de l’Andalousie de 1990 à 2009, a été condamné à 9 ans d’inéligibilité pour prévarication. Le parquet réclamait 10 ans d’inéligibilité.
« Clientélisme » du PSOE
Son successeur de 2009 à 2013 à la tête du gouvernement régional andalou, José Antonio Griñán, s’est lui vu infliger une peine de six ans de prison et 15 ans d’inéligibilité pour détournement de fonds publics. Le parquet réclamait 6 ans de prison et 30 ans d’inéligibilité. Cette affaire avait éclaté en 2010 alors que l’Espagne était dévastée par la crise financière. Elle avait poussé Griñan à la démission. Le procès s’est ouvert en décembre 2017 et a duré un an.
Le Parti Populaire (PP, droite) devrait profiter de cette condamnation pour attaquer Pedro Sanchez sur ce scandale, preuve selon lui du « clientélisme » pratiqué par les socialistes pour se maintenir au pouvoir en Andalousie durant des décennies.
Puni par les électeurs, le PSOE a été renversé en janvier dans cette région méridionale, la plus peuplée d’Espagne, qu’il dirigeait sans interruption depuis 36 ans. Le PP et les libéraux de Ciudadanos y ont pris le pouvoir grâce au soutien de l’extrême droite de Vox, devenue depuis la troisième force politique au niveau national.
LQ/AFP