Les Britanniques se rendent aux urnes jeudi, pour des élections locales qui auront valeur de test pour le gouvernement conservateur et son Premier ministre Boris Johnson, affaibli par des mois de scandale.
Les résultats de ces milliers de scrutins locaux permettront de jauger le soutien des conservateurs dans le pays, et seront un indicateur de la force ou non de l’opposition travailliste.
Boris Johnson, 57 ans, avait offert en décembre 2019 une victoire historique aux Tories lors des élections générales, en promettant d’en finir avec des années de blocage politique et de boucler le Brexit, la sortie du pays de l’Union européenne.
Mais depuis décembre, il est fragilisé par le « partygate », ces fêtes organisées à Downing Street durant les confinements, et par une montée historique de l’inflation qui oblige les Britanniques à se serrer la ceinture.
Une enquête de police sur le partygate a estimé qu’il avait enfreint la loi, du jamais vu pour un Premier ministre en exercice, et lui a imposé une amende.
En janvier, les députés conservateurs soucieux de l’indignation du public face à ses démentis et au deux poids deux mesures, semblaient prêts à un vote de censure. Mais l’invasion de l’Ukraine par la Russie, depuis laquelle M. Johnson a apporté un soutien ferme au président ukrainien Volodymyr Zelensky, a reporté toute éventuelle mutinerie.
Coût de la vie
De mauvais résultats jeudi pour les conservateurs pourraient cependant ranimer les appels à son départ, afin de mettre en place un nouveau leader avant les élections générales qui doivent intervenir au plus tard en janvier 2025.
Le partygate n’est pas pour autant le sujet qui préoccupe le plus les électeurs. ; »C’est le coût de la vie », explique Bob, un ouvrier retraité de Dudley, au centre de l’Angleterre. « La nourriture augmente, l’énergie augmente (…) ils devraient se concentrer sur le coût de la vie ».
À 76 ans, il estime aussi que « ce qu’a fait Johnson avec le partygate était grave, ils se moquaient plus ou moins de nous ». Le Parti travailliste, principale formation d’opposition, avait gagné du terrain au niveau local en 2018, les Tories étant plombés par le vote pour le Brexit deux ans plus tôt.
Keir Starmer, 59 ans, leader du parti depuis 2020, espère notamment regagner des sièges dans les régions du « Red Wall » (centre-nord et nord de l’Angleterre principalement) qui avaient abandonné son parti pour voter conservateur aux dernières élections générales.
Selon les sondages, les travaillistes devraient emporter une majorité des sièges en Angleterre. En Ecosse, ils espèrent en gagner sur le Parti national écossais (SNP) de centre-gauche, premier parti d’Écosse et consolider leur emprise au pays de Galles.
Irlande du Nord
Au delà de Boris Johnson, l’avenir à long terme du Royaume-Uni pourrait être aussi être mis en danger en Irlande du Nord où des élections vont renouveler l’Assemblée de la province, la législature dévolue.
Le Sinn Fein nationaliste est largement pressenti pour devenir le plus grand parti, ce qui serait une grande première. Selon un sondage LucidTalk pour le Belfast Telegraph, il aurait 6 points d’avance sur le Parti unioniste démocrate (DUP).
« Ce serait un changement radical si une nationaliste devenait Premier ministre » déclare à l’AFP Deirdre Heenan, professeur de politique sociale à l’université d’Ulster.
Le Brexit a aussi pesé lourd en Irlande du Nord, les partis unionistes étant inquiets de ce que les nouveaux arrangements commerciaux avec l’Union européenne menacent leur place dans l’union britannique et servent les idées nationalistes.
Autre souci pour Boris Johnson, le SNP écossais promet d’avancer sur son plan d’un référendum d’indépendance. L’Écosse avait voté pour rester dans le Royaume-Uni en 2014, mais l’opposition écossaise au Brexit a redonné vie à la question.