Une quarantaine de personnes ont été interpellées mardi lors d’une vaste opération de police menée contre un réseau de trafic international de stupéfiants, principalement actif en Belgique et en Espagne.
Selon le parquet fédéral belge, une centaine de perquisitions ont été menées dans six pays européens: Belgique, Espagne, Allemagne, Italie, Pays-Bas et Croatie. L’opération, coordonnée par les organisations Europol et Eurojust, a mobilisé « plus de 600 » enquêteurs dans ces pays, et 45 suspects ont été arrêtés, ont précisé dans un communiqué ces deux agences établies à La Haye (Pays-Bas).
La plupart des interpellations ont eu lieu en Belgique (30, selon le parquet fédéral), où une enquête avait été lancée en 2020 après une perquisition en région bruxelloise ayant permis la découverte d’un arsenal de produits chimiques de coupage de la cocaïne. Le réseau est composé de trafiquants d’Europe de l’Est établis dans la capitale belge, ainsi que « de ressortissants issus du sud de l’Europe, appartenant au milieu mafieux limbourgeois », de la province belge du Limbourg (nord) limitrophe des Pays-Bas, a-t-on précisé côté belge.
Europol a évoqué pour sa part « des criminels albanophones » grossistes en cocaïne importée d’Amérique du Sud. « Ce réseau criminel de haut niveau avait mis en place une série d’entreprises dans différents pays pour blanchir les profits, notamment en Croatie et en Espagne, en utilisant souvent des hommes de paille », a souligné l’agence européenne. « Ses membres se rendaient régulièrement à Dubaï, au Mexique et en Colombie pour organiser leurs activités illégales et utilisaient des outils de communication cryptés pour les coordonner », a-t-elle relevé.
Avant l’enquête ouverte en Belgique, ce réseau était dans le collimateur de la justice espagnole dès 2018 et plusieurs de ses « cadres » étaient déjà en détention provisoire en Espagne. Depuis un an, les autorités belges et espagnoles partageaient leurs informations dans le cadre d’une équipe commune d’enquête (« Joint Investigation Team »), ce qui a facilité le coup de filet.
La justice belge a souligné qu’en 2021 le dossier avait été « enrichi par des données décryptées dans l’application Sky ECC », un système de communications cryptées utilisé par les trafiquants, et « des contacts » du réseau identifiés dans six pays latino-américains: Brésil, Equateur, Colombie, Pérou, Bolivie et Paraguay.
Pour le transport de la drogue en Europe, outre les porte-conteneurs transitant par les ports d’Anvers (Belgique), Rotterdam (Pays-Bas), Le Havre (France) et Hambourg (Allemagne), « divers moyens étaient utilisés: véhicules avec caches, société de transport, utilisation d’avions cargo ou de jets privés », selon le parquet fédéral.
Ce dossier illustre l' »agilité des organisations criminelles », qui « ne sont plus exclusivement familiales ou claniques » mais fonctionnent comme « des joint-ventures (…), sur le modèle de société commerciales classiques », toujours selon cette même source.
L’an dernier, près de 90 tonnes de cocaïne ont été saisies dans le port d’Anvers, un nouveau record, d’après les autorités belges. La Belgique est devenue la principale porte d’entrée en Europe pour cette drogue. Début février, un des plus hauts magistrats du pays, Ignacio de la Serna, a tiré la sonnette d’alarme en avertissant que les moyens de la police judiciaire fédérale ne lui permettaient plus de faire face à la criminalité associée à ce trafic.
Selon lui, le dossier « Sky Ecc » a déjà conduit à « plus de 600 arrestations en 41 opérations depuis février 2021 ». « La charge de travail est tellement forte qu’on ne peut pas suivre », a ajouté dans le quotidien Le Soir M. de la Serna, qui préside le Collège des procureurs généraux.