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Dernier jour de trêve à Gaza avant une possible prolongation


L'accord négocié par le Qatar, avec l'appui des Etats-Unis et de l'Egypte prévoit quatre jours de trêve, l'entrée d'aide humanitaire à Gaza depuis l'Egypte ainsi que la libération de 50 otages et de 150 prisonniers palestiniens. (Photo AFP)

De nouvelles libérations d’otages aux mains du Hamas et de prisonniers palestiniens détenus en Israël sont attendues lundi au quatrième et dernier jour de trêve dans la bande de Gaza, qui pourrait être prolongée.

Cette trêve, qui s’achève mardi à 7 h (5 h GMT), a aussi permis l’entrée de centaines de camions chargés d’aide humanitaire dans la bande de Gaza, assiégée et dévastée par sept semaines de bombardements israéliens en représailles à l’attaque sanglante lancée par le Hamas contre Israël le 7 octobre.

Le gouvernement israélien est soumis à de très fortes pressions pour prolonger la trêve et permettre la libération d’un plus grand nombre d’otages, réclamée avec force par une opinion publique traumatisée par l’attaque du Hamas.

Après le président américain, Joe Biden, qui a appelé à une prolongation de la trêve, le chef de la diplomatie de l’Union européenne, Josep Borrell, a réclamé lundi une trêve « durable » en vue de travailler sur une « solution politique » au conflit.

Le Hamas favorable à une prolongation

Dans la nuit de dimanche à lundi, le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, a affirmé « chercher à prolonger la trêve au-delà de ses quatre jours », dans le but « d’augmenter le nombre de prisonniers libérés ».

Une source proche du Hamas a précisé à l’AFP que le mouvement palestinien était favorable à une prolongation de « deux à quatre jours » et en avait « informé les médiateurs ».

L’accord négocié par le Qatar, avec l’appui des Etats-Unis et de l’Egypte, et entré en vigueur vendredi, prévoit quatre jours de trêve, l’entrée d’aide humanitaire à Gaza depuis l’Egypte ainsi que la libération de 50 otages et de 150 prisonniers palestiniens détenus en Israël.

Une disposition de l’accord permet sa reconduction pour libérer quotidiennement une dizaine d’otages, en échange de la libération d’une trentaine de prisonniers palestiniens.

« D’autres otages relâchés »

« Des dispositions prévoient la libération de dix otages de plus chaque jour et c’est une bénédiction », avait déclaré dimanche le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, après un entretien avec Joe Biden.

« Mais j’ai aussi dit au président que nous allons, après l’accord, retourner à notre objectif: éliminer le Hamas et nous assurer que la bande de Gaza ne soit plus ce qu’elle était », a-t-il ajouté.

Le président américain a affirmé que son objectif était « de faire en sorte que cette pause se poursuive au-delà de demain, afin que nous puissions voir d’autres otages relâchés et plus d’aide humanitaire » acheminée dans la bande de Gaza.

Lundi, « des discussions étaient en cours » en Israël, selon le bureau du Premier ministre, sur la liste des otages devant être libérés dans la journée.

Un otage pour trois prisonniers

Au Qatar, une source proche des discussions a fait état d' »un léger problème » avec cette liste. « Les Qataris travaillent avec les deux côtés pour le résoudre et éviter les retards », selon cette source.

Depuis vendredi, 39 otages israéliens enlevés le 7 octobre par le Hamas ont été libérés dans le cadre de l’accord, ainsi que 117 prisonniers palestiniens détenus dans des prisons israéliennes, selon un ratio d’un otage pour trois prisonniers. En outre, 19 otages ont été libérés hors accord, en majorité des Thaïlandais qui travaillaient en Israël.

Parmi les otages libérés dimanche figure une fillette de quatre ans possédant la nationalité américaine, prénommée Abigail.

Selon un haut responsable américain, sa mère a été assassinée sous ses yeux lors de l’attaque du Hamas. Son père a essayé de la protéger avant d’être tué à son tour. Abigail s’est ensuite enfuie chez des voisins, où elle a été prise en otage. Abigail « n’a plus de parents, mais elle a tout un pays qui la serre dans ses bras. Nous allons prendre bien soin d’elle », a promis Benjamin Netanyahu.

« Triste et heureux »

Le Premier ministre, qui doit demander lundi au gouvernement un budget « de guerre » de 30 milliards de shekels (7,3 milliards d’euros), a appelé dimanche à la « victoire », lors sa première visite dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre. L’armée a estimé à 240 le nombre total d’otages enlevés par le Hamas le 7 octobre.

Selon les autorités israéliennes, 1 200 personnes, en grande majorité des civils, ont été tuées lors de l’attaque lancée par des commandos du mouvement islamiste infiltrés depuis la bande de Gaza.

En représailles, Israël a promis d' »éliminer » le Hamas, classé organisation terroriste par les Etats-Unis, l’Union européenne et Israël, bombardant sans relâche le territoire palestinien et lançant le 27 octobre une offensive terrestre, jusqu’à la trêve. Dans la bande de Gaza, 14.854 personnes, dont 6.150 âgées de moins de 18 ans, ont été tuées par les frappes israéliennes, selon le gouvernement du Hamas.

En Cisjordanie occupée, des foules brandissant des drapeaux palestiniens, du Hamas et d’autres groupes palestiniens ont accueilli dimanche les prisonniers libérés, transportés à Ramallah et Beitunia dans des autocars du Comité international de la Croix-Rouge (CICR). « Je suis triste pour nos martyrs et heureux de la victoire obtenue par notre résistance », a déclaré à Beitunia Yazan Sabah, un jeune prisonnier libéré.

Des besoins « sans précédent »

Si la trêve a offert un répit aux habitants de la bande de Gaza, la situation humanitaire y reste « dangereuse » et les besoins sont « sans précédent », a estimé dimanche l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa). Déjà soumis à un blocus israélien terrestre, maritime et aérien depuis 2007, le petit territoire surpeuplé a été placé le 9 octobre en état de siège total par Israël, qui a provoqué de graves pénuries d’eau, de nourriture, de carburant, de médicaments et d’électricité.

Plus de la moitié des logements du territoire ont été endommagés ou détruits par la guerre, selon l’ONU, et 1,7 million des 2,4 millions d’habitants ont été déplacés. Depuis vendredi, plusieurs centaines de camions chargés d’aide ont pu entrer dans la bande de Gaza, via l’Egypte, et une partie d’entre eux ont gagné le nord, la partie du territoire la plus dévastée par la guerre.

« Nous devrions envoyer 200 camions par jour pendant au moins deux mois pour répondre aux besoins », a déclaré dimanche à l’AFP un porte-parole de l’Unrwa, Adnan Abou Hasna, précisant qu’il n’y avait « ni eau potable ni nourriture » dans le nord.

Le nord de Gaza interdit aux civils

« Ils parlent d’apporter de l’aide et du carburant mais je suis à la station-service depuis neuf heures et elle est toujours fermée », a déploré dimanche à Khan Younès, une grande ville du sud du territoire, Bilal Diab, un Palestinien interrogé par l’AFP.

L’armée israélienne, qui considère le tiers nord de la bande de Gaza comme une zone de guerre abritant le coeur de l’infrastructure du Hamas, avait déjà ordonné à la population de partir et a interdit à quiconque d’y revenir pendant la trêve.

Malgré cet avertissement, des milliers d’habitants de Gaza déplacés ont profité de la pause dans les combats pour tenter de rentrer chez eux dans le nord, notamment dans la ville de Gaza transformée en champ de ruines.