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Démission surprise de Nikki Haley, ambassadrice américaine à l’ONU


Nikki Haley a gagné ses galons dans la galaxie Trump jusqu'à en devenir un des principaux membres, avec accès direct au président. (photo AFP)

L’ambassadrice des États-Unis aux Nations unies, Nikki Haley, la femme la plus en vue du gouvernement de Donald Trump, a créé la surprise mardi en annonçant sa démission.

Les deux responsables en ont fait l’annonce ensemble dans le Bureau ovale, sans fournir clairement d’explications. « Elle m’a dit il y a environ six mois qu’elle souhaitait prendre une pause », a justifié le président des États-Unis, précisant que le départ serait effectif « à la fin de l’année » et sans dévoiler le nom de son successeur. Il a loué son « travail fantastique » et espéré qu’elle puisse « revenir à un moment ou un autre ». « Elle a été très spéciale pour moi », a insisté Donald Trump devant la presse.

Nikki Haley, 46 ans, l’un des membres les plus populaires de l’administration républicaine et à qui l’on a souvent prêté des vues sur la Maison Blanche, a assuré qu’elle ne serait pas candidate à la présidentielle de 2020. « Il est important de savoir quand il est temps de faire un pas de côté », a-t-elle juste expliqué, affirmant ne pas avoir de plan précis pour la suite de sa carrière.

Le site Axios, qui a révélé l’information, et les autres médias n’ont pas non plus fourni d’explication pour ce départ surprise, qui fait suite à de nombreuses démissions et limogeages dans l’entourage du président depuis son arrivée au pouvoir début 2017. L’équipe diplomatique initiale aura ainsi été totalement remodelée, avec l’arrivée au printemps de Mike Pompeo comme secrétaire d’État et de John Bolton comme conseiller à la sécurité nationale.

L’ex-gouverneure de Caroline du Sud s’est distinguée en portant d’emblée une ligne dure notamment contre la Corée du Nord et l’Iran, les deux principaux dossiers de politique étrangère de ce gouvernement, même lorsque d’autres ministres poussaient une ligne plus modérée. Depuis New York, elle se faisait également l’écho des critiques présidentielles à l’égard de l’ONU, souvent vue comme une bureaucratie lourde et inefficace dans laquelle Washington investit beaucoup trop d’argent mais aussi comme une institution avec d’évidents « biais anti-Israéliens ». Elle plaidait pour consacrer l’aide financière des États-Unis aux pays « amis ».

Pas toujours « fan » du président

Après l’arrivée à la Maison Blanche du milliardaire, novice en relations internationales, elle avait occupé le devant de la scène diplomatique américaine, profitant de l’effacement médiatique du secrétaire d’État de l’époque, Rex Tillerson. Elle est apparue davantage en retrait depuis que le département d’État a été confié à Mike Pompeo, un responsable politique très proche de Donald Trump et plus présent sur la scène médiatique que son prédécesseur.

Cette ambitieuse femme politique s’était fait connaître dans son État conservateur en soutenant le retrait du drapeau confédéré des bâtiments officiels après qu’un partisan de la suprématie blanche eut tué en juin 2015 neuf paroissiens noirs dans une église de Charleston. Cette fille d’immigrés indiens, dynamique, chaleureuse et directe n’a pas toujours été du côté de Donald Trump. En février 2016, elle avait jugé que le milliardaire incarnait « tout ce qu’un gouverneur ne veut pas d’un président ». Et juste avant la victoire du 8 novembre 2016, Nikki Haley se disait même « pas fan » du tonitruant candidat républicain.

Mais, après, elle a gagné ses galons dans la galaxie Trump jusqu’à en devenir un des principaux membres, avec accès direct au président. Si elle a laissé entendre l’existence de désaccords avec Donald Trump notamment lorsque ce dernier n’a pas clairement condamné les sympathisants nazis après la mort d’une manifestante antiraciste lors de violences à Charlottesville, à l’été 2017, elle a toujours pris soin de ne pas les étaler sur la place publique. « Si je ne suis pas d’accord avec quelque chose et je crois que c’est suffisamment important pour être discuté avec le président, je le fais. Et il écoute », avait-elle écrit dans une tribune dans la presse en septembre, en réponse au texte anonyme d’un membre de l’administration qui évoquait une « résistance de l’intérieur » aux agissements de Trump.

LQ/AFP