Le premier débat présidentiel américain entre Hillary Clinton et Donald Trump a donné lieu lundi soir à un affrontement tendu, plaçant le républicain souvent sur la défensive.
Hillary Clinton et Donald Trump se sont d’abord salués avec une politesse glacée. La paix froide n’a duré qu’un instant avant que les deux prétendants à la Maison Blanche n’en viennent à un échange très vif et des accrochages rugueux.
Le premier débat de la présidentielle a été une lutte d’endurance de 90 minutes, sans autre pause dans les escarmouches et les esquives que les questions d’un modérateur passablement dépassé par l’ampleur de la tâche.
La candidate démocrate n’a jamais appelé son adversaire que par « Donald », lui s’adressant à elle à coups de « Madame la Secrétaire (en référence à son ancienne fonction de Secrétaire d’État, NDLR) ».
La première femme candidate d’un grand parti à la fonction suprême s’est montrée calme, posée et ferme pour l’essentiel de l’affrontement. Toujours – ou presque – souriante, n’élevant que rarement la voix. « Donald c’est bon d’être avec vous », a-t-elle ironisé en guise d’ouverture. Elle n’a suscité qu’un demi sourire de la part de son adversaire, mais une réaction amusée de la salle. Tout au long de la soirée, elle a tendu quelques pièges au milliardaire pour essayer de le faire sortir de ses gonds.
Donald Trump pris à son propre jeu
D’entrée de jeu, elle fait allusion au sérieux coup de pouce de 14 millions de dollars que Donald Trump a reçu de son père pour bâtir son empire, bien plus qu’il ne l’admet en général. Le républicain a mordillé à l’hameçon : « Mon père m’a prêté une toute petite somme et j’ai bâti une immense fortune ! »
En général prompt à s’emporter ou à se lancer dans une dithyrambe, il a réussi à adopter un ton égal pour une bonne partie de la joute, tout en interrompant sans cesse son adversaire. Ce n’est qu’au bout d’une heure qu’il a montré son irritation, levant parfois les yeux au ciel.
Hillary Clinton a su mettre en valeur son expérience, montrer sa maîtrise des dossiers, se présentant comme la voix de la raison, comme l’ancienne secrétaire d’État qui comprend la marche des affaires du monde. Mais elle s’est aussi montré cassante : « Donald vous vivez dans un monde à part ! ». Plus tard, elle l’accuse de « mensonge raciste » sur la nationalité du président Obama.
Trump est resté dans son rôle de populiste, répétant des slogans polis et calibrés au fil des meetings électoraux sur les thèmes qui plaisent à ses électeurs, qui veulent dynamiter l’establishment de Washington.
Hillary Clinton sort des « punchlines »
« Elle n’a pas l’endurance pour être présidente », « Hillary a de l’expérience mais c’est une mauvaise expérience », a mitraillé Trump dans une tirade plutôt confuse. Une attaque (notamment en référence à son état de santé) que l’intéressée a balayée en une phrase, sans doute la punchline (réplique choc) de ce face-à-face.
« Quand il aura voyagé dans 112 pays et négocié un accord de paix, un cessez-le-feu, la libération de dissidents (…) ou même qu’il aura passé 11 heures à témoigner devant une commission au Congrès, il pourra me parler d’endurance », a lancé la démocrate sans fourcher.
► Ce qu’a répondu Hillary Clinton à Donald Trump sur son « manque d’endurance » https://t.co/3MQNc1UIT5 #DebateNight #USA2016 pic.twitter.com/ti6ByTpHe2
— Le Monde – Vidéos (@lemondevideo) 27 septembre 2016
Les deux adversaires ont aussi su faire rire la salle, parfois à leur détriment. « Je pense que mon meilleur atout, et de loin c’est mon caractère », a lancé Donald Trump provoquant des rires dans la salle et un « woah, OK » d’Hillary Clinton, ponctué d’un roulement des yeux.
C’est à la toute fin des 90 minutes que Donald Trump a dit quelque chose de totalement inédit jusque-là. Quand on lui a demandé s’il accepterait le jugement des urnes, il a répondu : « Si elle gagne, je la soutiendrai évidemment ».
Le Quotidien/AFP