L’offensive israélienne se poursuit dans Gaza avec de nouvelles opérations dans un paysage de ruines. L’idée même d’un cessez-le-feu est bien loin.
L’armée israélienne a bombardé hier la bande de Gaza, notamment le nord du territoire où elle poursuit ses opérations après plusieurs jours de combats acharnés contre le Hamas, qui ont poussé des milliers de Palestiniens à fuir. La guerre, déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement islamiste en Israël le 7 octobre, ne connaît pas de répit à travers le territoire palestinien, et fait craindre un embrasement au Liban. De nombreuses frappes aériennes ont visé pendant la nuit différents secteurs, dont la ville de Gaza, dans le nord, ainsi que Rafah et Khan Younès, dans le sud. Les troupes israéliennes avaient lancé le 7 mai une offensive terrestre à Rafah, une ville frontalière avec l’Égypte alors présentée par Israël comme le dernier grand bastion du Hamas. Mais les combats ont regagné depuis en intensité dans plusieurs autres régions, notamment dans le nord.
Depuis jeudi, les forcs israéliennes mènent une opération terrestre à Choujaïya, un quartier est de la ville de Gaza, où les combats font rage entre les soldats et des combattants palestiniens. Cette opération s’est poursuivie hier, selon des témoins et des médecins. L’armée a annoncé avoir, la veille, «éliminé plusieurs terroristes, découvert des armes, mené des raids ciblés sur des positions de combat piégées» et avoir «frappé des dizaines d’infrastructures terroristes dans le secteur».
Des négociations au point mort
L’armée avait appelé jeudi les habitants de Choujaïya à évacuer, poussant à la fuite «des dizaines de milliers de civils», selon la Défense civile. «Dans les rues, les gens paniquaient, ils étaient terrifiés», a raconté Samah Hajaj, 42 ans. «On ne sait pas pourquoi» les soldats israéliens «sont entrés à Choujaïya vu qu’ils y avaient déjà détruit les maisons», a-t-elle ajouté. L’armée a annoncé également hier poursuivre ses opérations à Rafah et dans le centre de la bande de Gaza. Une frappe sur une maison dans le nord-ouest de Rafah a fait six morts, selon des secouristes et des médecins. Des tirs d’artillerie, selon des témoins, ont aussi visé plusieurs secteurs du sud de la ville.
L’attaque du 7 octobre, menée par des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza dans le sud d’Israël, a entraîné la mort de 1 195 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l’AFP établi à partir de données officielles israéliennes. Sur 251 personnes enlevées, 116 sont toujours retenues en otages à Gaza, parmi lesquelles 42 sont mortes, selon l’armée. En représailles, Israël a promis de détruire le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007 et qu’il considère comme une organisation terroriste, de même que les États-Unis et l’Union européenne.
32 hôpitaux endommagés sur 36
Son offensive sur la bande de Gaza a fait jusqu’à présent 37 834 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza dirigé par le Hamas. La guerre a provoqué des déplacements massifs de population dans le petit territoire assiégé par Israël, où l’eau et la nourriture manquent. Un total de 32 hôpitaux sur les 36 que compte la bande de Gaza ont été endommagés, et parmi eux 20 sont hors service, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Une chargée de mission de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Louise Wateridge, a qualifié vendredi de «désastreuses» les conditions de vie dans le territoire, où l’aide humanitaire arrive au compte-goutte.
À Tel-Aviv, des milliers de manifestants se sont à nouveau rassemblés samedi pour réclamer le retour des otages et protester contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, très critiqué pour sa gestion de la guerre. Un haut responsable du Hamas basé à Beyrouth, Oussama Hamdane, a indiqué samedi que les négociations en vue d’un accord avec Israël sur un cessez-le-feu et la libération d’otages n’ont mené à aucune avancée. Il a affirmé que son mouvement avait reçu le 24 juin la dernière proposition américaine, mais que celle-ci n’apportait «rien de nouveau». Un plan présenté fin mai par le président américain, Joe Biden, proposé selon lui par Israël, est resté lettre morte face aux exigences inconciliables des deux camps. Benjamin Netanyahu veut poursuivre la guerre jusqu’à la défaite totale du Hamas et la libération de tous les otages, tandis que le mouvement palestinien exige un cessez-le-feu permanent et un retrait israélien total de Gaza.