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De nombreux Français âgés toujours pas vaccinés


Le syndrome inflammatoire multi-systémique pédiatrique a touché certains enfants et adolescents à la suite d'une infection par le coronavirus. (Photo AFP)

Refus pur et simple, isolement géographique, difficultés à manier internet pour prendre rendez-vous : alors que la vaccination contre le Covid-19 s’est ouverte à tous les majeurs lundi, certaines personnes âgées, pourtant prioritaires depuis longtemps, n’ont toujours pas reçu la moindre injection.

« Je ne souhaite pas être vaccinée », assure Antoinette, 74 ans, qui vit dans le Tarn. Persuadée des bienfaits de l’homéopathie, cette employée de mairie à la retraite avoue son « manque de confiance » envers des vaccins qui n’en sont selon elle qu’au « stade expérimental ».

« Je préfère attendre jusqu’en septembre ou octobre », explique pour sa part Michelle, Strasbourgeoise de 74 ans. Même si elle a peur d’être montrée du doigt, elle met en avant « une grave opération au foie en janvier » pour justifier son refus. « Mais c’est aussi un choix », ajoute-t-elle aussitôt. « Je ne saurais pas quel vaccin choisir, je manque un peu de confiance et j’ai peur d’avoir un vaccin avec des effets secondaires ».

Près du quart des plus de 80 ans

Réservée aux résidents d’Ehpad à son ouverture fin décembre, la vaccination a été élargie mi-janvier à tous les plus de 75 ans (puis début mars aux plus de 65 ans). Et l’âge est reconnu comme un facteur majeur de risque pour le Covid. Pourtant, la campagne vaccinale n’a pas fait le plein dans ces catégories : près du quart des plus de 80 ans n’ont reçu aucune injection. Cette proportion est de 14% chez les 75-79 ans et 16% chez les 70-74 ans.

L’ouverture à tous les majeurs « ne doit pas nous détourner de l’objectif d’aller chercher tous nos concitoyens qui restent les plus vulnérables à la maladie », personnes âgées ou souffrant de comorbidités, a ainsi souligné le Premier ministre Jean Castex lundi, en visitant un centre de vaccination dans le Val-de-Marne.

En Aveyron, un département rural, on voit toujours des plus de 70 ans dans les centres, alors qu’ils auraient pu se faire vacciner depuis plusieurs mois, note Alain Vieillescazes, président de l’Ordre départemental des médecins. Selon lui, ceux qui s’y refusent toujours « sont souvent des ruraux ou semi-ruraux, estimant qu’ils encourent peu de risque par rapport au virus du fait de leur isolement social à la campagne ».

Parfois 45 km pour trouver un centre

Plus qu’un gage de protection, cet isolement peut surtout être un frein, analyse Séverine Bouquin, de la maison de santé de la communauté des communes du Réquistanais (Aveyron). Mi-mai, elle a coordonné une opération lancée par la Région Occitanie et l’Agence régionale de santé : la tournée d’un camion de vaccination itinérant dans des territoires ruraux isolés. « Il y avait clairement des gens qui attendaient que ça se rapproche. On était quand même à 45 km de trois centres de vaccination, ça fait trois quart d’heure de route », pointe-t-elle.

Le gouvernement, qui a baptisé cette stratégie « Aller vers », veut multiplier ce type d’initiatives. Et cela ne concerne pas que les campagnes.

« On se déplace au pied des immeubles, pour se rapprocher des personnes, en particulier des personnes âgées, qui ont souvent un problème de mobilité et des doutes sur l’intérêt du vaccin », explique Thierry Pechey, président de l’ordre des infirmiers de Meurthe-et-Moselle et référent du centre de vaccination de Saint-Max, près de Nancy. Il pointe aussi « la fracture numérique ». Les personnes âgées « n’arrivent pas à prendre rendez-vous sur Doctolib, n’ont pas forcément d’ordinateur. S’ils n’ont pas des enfants qui prennent rendez-vous pour eux, ce n’est pas possible », regrette-t-il. « C’est pour ça qu’on doit aller vers eux, car eux ne viendront pas vers nous ».

LQ/AFP

 

 

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