Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a démenti lundi par la voix de son porte-parole avoir édulcoré sous la pression de Pékin un rapport sur des campagnes de désinformation menées par la Chine.
« Je réfute et conteste absolument toute affirmation selon laquelle, dans notre rapport, nous nous sommes soumis à des pressions extérieures », a déclaré son porte-parole Peter Stano au cours d’un point de presse. Le groupe du Parti populaire européen (PPE, droite) au Parlement européen s’est dit « révolté » par des informations de presse affirmant que le Service européen d’action extérieure (SEAE) a cédé aux pressions chinoises et a modifié ses conclusions concernant la campagne de désinformation chinoise sur le Covid-19.
« Je demande instamment au haut représentant Josep Borrell d’expliquer en détail et sans délai ce qu’il est advenu du rapport », a déclaré la députée européenne lettone Sandra Kalniete, vice-présidente du groupe PPE en charge des affaires étrangères.
Le groupe Renew (libéraux) a aussi demandé des « clarifications » de la part du chef de la diplomatie de l’UE. « Si c’est vrai, c’est un problème très grave », a estimé l’eurodéputé néerlandais Bart Groothuis.
Deux rapports pour deux usages
Le rapport publié sur le site internet du Service européen pour l’action extérieure diffère d’un document qui a fuité dans la presse. Des références aux enquêtes menées à Taïwan et un incident avec la France ne sont plus mentionnés.
« Permettez-moi de dire une chose très clairement : il n’y a eu aucun changement et il n’y a pas eu plusieurs versions de ces documents », a soutenu Peter Stano. « Nous avons deux processus distincts. Un volet est interne, conçu pour des objectifs différents. Puis il y a des documents à publier qui sont traités en parallèle parce qu’ils ont des objectifs et des contenus différents », a-t-il déclaré.
« Le fait est qu’il existe deux rapports, l’un, interne, à usage interne, et l’autre à usage public, préparés selon un processus différent », a-t-il reconnu. « Deux procédures, deux documents. Un document n’est pas nécessairement le reflet fidèle de l’autre. Entre-temps il y a différentes choses qui peuvent intervenir », a-t-il expliqué.
Interrogé sur des courriels internes cités par le New York Times faisant état de menaces de réaction de la part des autorités chinoises « si le rapport est publié », Peter Stano s’est refusé à tout commentaire. Il avait toutefois déploré samedi sur Twitter l’utilisation de « communications internes hors de leur contexte ». Le porte-parole de la Commission Eric Mamer a mis en garde contre la publication de tels documents avec des noms car « malheureusement cela peut avoir des conséquences ». Les menaces proférées lundi par l’ambassadeur de Chine en Australie ont toutefois confirmé les pressions exercées par Pékin pour neutraliser les enquêtes sur la manière dont les autorités ont géré la pandémie de coronavirus.
AFP/LQ