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Corruption : le Premier ministre israélien de nouveau devant la justice


Depuis sa première comparution, les manifestations contre le Premier ministre - que les protestataires nomment le "Crime minister" - se sont multipliées. (archives AFP)

Neuf mois après sa première comparution, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu est de retour lundi devant la justice pour se défendre face aux accusations de corruption à l’approche de nouvelles élections cruciales à sa survie politique.

Netanyahu est arrivé le matin au tribunal de Jérusalem accompagné de ses avocats pour présenter les grandes lignes de leur défense pour les accusations de corruption, de fraude et d’abus de confiance dans trois affaires.

Pugnace, Benjamin Netanyahu avait dénoncé des charges « ridicules » à l’ouverture en mai 2020 de ce procès, le premier de l’histoire d’Israël visant un chef de gouvernement en fonction. Ses avocats avaient alors demandé à la justice plusieurs mois pour étudier les éléments de preuve contre le Premier ministre de 71 ans.

L’audience de lundi intervient au lendemain d’un allègement des mesures sanitaires pour lutter contre la pandémie de Covid-19 et après un report de l’audience initialement prévue en janvier.

Télécoms et cigares

Dans le dossier Bezeq, aussi nommé « Affaire 4 000 », Netanyahu est accusé d’avoir tenté de s’assurer une couverture favorable par le site Walla en échange de faveurs gouvernementales qui pourraient avoir rapporté des millions de dollars à Shaul Elovitch, alors patron du géant israélien des télécoms Bezeq, dont Walla fait partie.

Au cœur de l’affaire figure la fusion en 2015 de Bezeq avec le distributeur de télévision par satellite Yes, qui nécessitait l’aval des autorités de contrôle. Or Netanyahu détenait aussi à l’époque le portefeuille des Communications. S’il a soutenu que la fusion Bezeq-Yes était pertinente, il a aussi maintenu ne pas avoir cherché à obtenir une couverture favorable du site Walla en échange de son approbation.

Dans un deuxième dossier, nommé Mediagate ou « Affaire 2 000 », le Premier ministre est accusé d’avoir cherché à s’assurer une couverture favorable mais cette fois du quotidien payant le plus lu en Israël, le Yediot Aharonot, en échange d’une possible loi limitant la diffusion du journal gratuit Israel Hayom, son principal concurrent. Selon la justice, Netanyahu a évoqué cet échange (couverture favorable contre loi) avec le patron du Yediot, Arnon Moses. Au final, aucun accord n’a été conclu.

Dans un troisième dossier, « l’affaire 1 000 », Netanyahu et des membres de sa famille sont soupçonnés d’avoir reçu des cadeaux – cigares de luxe, bouteilles de champagne et bijoux – pour plus de 700 000 shekels (environ 175 000 euros) de la part de personnalités, notamment du producteur Arnon Milchan, en échange de faveurs financières ou personnelles. Netanyahu a indiqué avoir reçu une opinion légale d’experts concluant qu’il avait le droit d’accepter des cadeaux d’amis proches, dont Arnon Milchan, et nie avoir octroyé des faveurs.

Ingérence électorale ?

Lors de sa première comparution, Benjamin Netanyahu, qui ne bénéficie d’aucune immunité, venait de former un gouvernement d’union avec son rival Benny Gantz. Mais depuis, les manifestations contre le Premier ministre – que les protestataires nomment le « Crime minister » – se sont multipliées et la coalition au pouvoir a éclaté.

Résultat, le procès de Netanyahu est relancé à 45 jours de nouvelles élections (23 mars) – les quatrièmes en moins de deux ans – ce qui soulève des craintes quant à un possible impact sur le vote. Yariv Levin, président de la Knesset (Parlement) et proche du Premier ministre, a déclaré dimanche dans le Israel Hayom craindre une « interférence sans précédent du système judiciaire dans les élections » si la cour présentait « dès à présent » ses éléments de preuve contre le Premier ministre.

Cette nouvelle bataille électorale est d’ailleurs loin d’être gagnée pour Netanyahu, détenteur du record de longévité des chefs de gouvernement israélien avec 15 ans au pouvoir, qui espère rallier une majorité de sièges, pour possiblement se faire voter une immunité judiciaire ensuite. Selon les derniers sondages, son parti, le Likoud, reste en pole position des intentions de vote avec 29 sièges sur 120, devant le centriste Yaïr Lapid (17) et le frondeur de droite Gideon Saar (14). Mais le Likoud n’arriverait toutefois pas à atteindre, avec ses différents alliés, le seuil de la majorité (61).

LQ/AFP

 

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