« Triste journée », décision « funeste », « gravement erronée »: les réactions luxembourgeoises et étrangères à l’annonce par Donald Trump de la sortie des Etats-Unis de l’accord de Paris sur le climat sont unanimement négatives.
Luxembourg
« Des paroles ne ralentiront pas le changement climatique. Formons une alliance forte et battons nous pour notre planète », a twitté le Premier ministre luxembourgeois, Xavier Bettel, ce vendredi matin.
Words won’t slow down climate change, @COP21 will. Let’s form strong alliance to fight for our planet.
— Xavier Bettel (@Xavier_Bettel) 2 juin 2017
« Nous avons maintenant besoin d’un leadership européen solide et de nouvelles alliances. L’accord de Paris survivra ! », a régi la ministre de l’Environnement, Carole Dieschbourg. Et d’ajouter dans un second tweet : « Pour l’Allemagne et la France, c’est le moment d’agir. »
#climate Trump exit option is exit for us economy. now need strong european leadership – and new alliances. Paris agreement will survive!
— Carole Dieschbourg (@DieschbourgC) 1 juin 2017
#ParisAgreement time for germany and france to take initiative: we need clear results on eu effort sharing debate!
— Carole Dieschbourg (@DieschbourgC) 1 juin 2017
Le porte-parole des Nations unies a évoqué une « grande déception ». Le secrétaire général Antonio Guterres « fait confiance aux villes, aux Etats et aux entreprises aux Etats-Unis pour continuer – avec d’autres pays – (…) à oeuvrer en faveur d’une croissance économique durable et à faible émission de carbone qui créera emplois de qualité et marchés et assurera la prospérité au 21e siècle », a précisé le porte-parole Stéphane Dujarric.
La Chine, premier pollueur mondial, a promis vendredi d’appliquer l’accord de Paris. « Les parties prenantes doivent chérir ce résultat chèrement gagné », a déclaré devant la presse la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Hua Chunying, avant de souligner que la Chine prendrait « des mesures concrètes » en réponse au changement climatique. « Nous tiendrons sincèrement nos obligations », a-t-elle assuré.
Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a jugé « gravement erronée » la décision du président américain, et a assuré vendredi qu’il n’y aurait pas de « retour en arrière ». Le monde « peut continuer à compter sur l’Europe » pour diriger la lutte contre le réchauffement climatique, a réagi le commissaire européen à l’Action pour le climat, Miguel Arias Canete.
« Dans la période précédant l’accord de Paris, les dirigeants de la chimie européenne ont publiquement soutenu un solide accord global sur le changement climatique et ont applaudi les efforts diplomatiques pour parvenir à un accord ambitieux et globalement contraignant. Nous nous en tenons à cette position », a affirmé l’European Chemical Industry Council.
Les trois pays ont dit, dans une déclaration commune, « regretter » la sortie des Etats-Unis de l’accord-climat qui n’est, selon eux, « pas renégociable ».
Le président français Emmanuel Macron et la chancelière allemande Angela Merkel ont « confirmé leur engagement commun et résolu pour mettre en oeuvre l’accord de Paris »et manifesté leur volonté de « le défendre sur la scène internationale », lors d’une conversation téléphonique, a-t-on appris auprès de la présidence française.
Le Français Laurent Fabius, qui avait présidé la COP21, a dénoncé « une faute honteuse et une erreur majeure », soutenue par « un lot de mensonges ».
La chancelière allemande Angela Merkel a dit « regretter » la décision du président américain. Le retrait des Etats-Unis va « nuire » aux monde entier, ont estimé dans un communiqué conjoint sept membres sociaux-démocrates du gouvernement de coalition allemand, parmi lesquels les ministres des Affaires étrangères Sigmar Gabriel et de l’Economie Brigitte Zypries.
« Cette décision ne peut et ne va pas arrêter ceux d’entre nous qui estimons avoir le devoir de protéger la planète », a dit la chancelière allemande à Berlin. « Nous sommes plus déterminés que jamais en Allemagne, en Europe et dans le monde à rassembler toutes nos forces » pour faire face au défi climatique, a-t-elle ajouté.
Pour le président français Emmanuel Macron, M. Trump a « commis une faute pour l’avenir de notre planète », car « il n’y a pas de planète B ». S’adressant en anglais aux Américains, M. Macron les a appelés à « rendre sa grandeur à notre planète » (« Make our planet great again »), paraphrasant le slogan de campagne de Donald Trump.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 1 juin 2017
« A tous les scientifiques, ingénieurs, entrepreneurs, citoyens engagés que la décision du président des Etats-Unis a déçus », le chef de l’Etat français a assuré qu’ils trouveraient « dans la France une seconde patrie ».
« Nous ne renégocierons pas un accord moins ambitieux, en aucun cas », a-t-il prévenu, appelant « l’ensemble des pays signataires » de l’accord de Paris « à ne rien céder ».
Son prédécesseur François Hollande a estimé que malgré le retrait américain, « ce qui s’est produit à Paris est irréversible ». « Donald Trump a pris une décision funeste pour les Etats-Unis, mais qui n’empêchera pas le monde d’avancer dans sa lutte raisonnée et volontaire contre le réchauffement climatique », a-t-il ajouté.
La maire de Paris Anne Hidalgo a décidé que l’Hôtel de ville serait éclairé en vert jeudi soir pour « marquer la désapprobation » de la capitale française.
La Première ministre britannique Theresa May a déclaré jeudi au téléphone au président américain Donald Trump que l’accord de Paris sur le climat protège « la prospérité et la sécurité des générations futures », a indiqué Downing Street.
« L’accord de Paris fournit le cadre global approprié pour protéger la prospérité et la sécurité des générations futures, tout en assurant l’accessibilité de l’énergie pour nos citoyens et nos entreprises », a dit Mme May à M. Trump.
Le gouvernement belge a estimé que la décision américaine était « irresponsable » et « portait atteinte à la parole donnée ».
Le chef du gouvernement italien Paolo Gentiloni a affirmé qu’il ne fallait pas « reculer » par rapport à l’Accord de Paris.
Le Premier ministre danois Lars Lokke Rasmussen a estimé que ce jeudi était une « triste journée pour le monde. Le Danemark est prêt à « poursuivre la bataille pour le climat pour sauver les générations futures », a-t-il dit.
Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte a déclaré « regretter la décision » américaine. « Sans la participation des Etats-Unis, il sera plus difficile d’atteindre les objectifs de l’accord de Paris, mais le reste du monde va continuer à appliquer cet accord », a-t-il déclaré.
Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a fait part au président américain Donald Trump de « sa déception » lors d’un entretien téléphonique. M. Trudeau a « affirmé la volonté soutenue du Canada de travailler à l’échelle internationale en vue de lutter contre le changement climatique », selon une retranscription de la conversation entre les dirigeants.
« Nous sommes profondément déçus que le gouvernement fédéral des Etats-Unis ait décidé de se retirer de l’Accord de Paris », a ajouté Justin Trudeau dans un communiqué.
Le Brésil a manifesté sa « profonde préoccupation et sa déception » face à la décision des Etats-Unis, par la voix de son ministre des Affaires étrangères. La chancellerie brésilienne s’est déclarée « inquiète de l’impact négatif d’une telle décision », tout en rappelant que « le combat contre le changement climatique est un processus irréversible, inarrêtable et compatible avec la croissance économique ».
Le gouvernement argentin a annoncé « regretter profondément » la décision du président Trump de retirer les Etats-Unis de l’accord de Paris sur le climat.
« Cette décision a un impact non seulement sur l’efficacité de cet accord en tant qu’instrument de réponse face à la menace mondiale du changement climatique, mais aussi sur l’esprit de solidarité et de coopération démontré par les parties à cette convention phare des Nations unies sur le changement climatique », a affirmé le ministère argentin des Affaires étrangères dans un communiqué.
Malgré la décision américaine, le Mexique continuera à « encourager la coopération internationale, sans restriction, pour que l’accord de Paris s’applique en totalité », ont déclaré les ministères mexicains des Affaires étrangères et de l’Environnement dans un communiqué commun.
Le changement climatique « est un fait établi basé sur des preuves scientifiques », insiste ce texte, « et agir pour freiner ce changement climatique est un impératif moral ».
Le combat contre le réchauffement climatique continuera, malgré la décision « malheureuse » des Etats-Unis. Le Premier ministre fidjien Voreqe Bainimarama, qui présidera les négociations lors de la COP 23 en Allemagne cette année, a qualifié la décision américaine de « profondément décevante ».
« Si la perte du leadership américain est malheureuse, le combat est loin d’être terminé », a-t-il ajouté: « En tant que président de la prochaine COP, je réaffirme que je ferai tout mon possible pour forger une grande coalition qui fera perdurer l’élan constaté depuis l’accord de Paris. Et je suis convaincu que le gouvernement américain va finalement rejoindre le combat car les preuves scientifiques de l’influence de l’homme sur le changement climatique sont maintenant bien connues ».
Le ministre de l’Environnement et de l’Energie australien, Josh Frydenberg, a assuré que son pays respectera ses engagements dans le cadre de l’accord de Paris: « Je persiste à penser qu’il s’agit d’un accord tout à fait sensé. Même sans les Etats-Unis, 70% des émissions mondiales restent concernées par cet accord ».
La plupart des déclarations du président Trump sur le climat sont tout simplement inexactes, a réagi la ministre néo-zélandaise du changement climatique, Paula Bennett: « Tant de choses qu’il a dites sont fausses ! Ca ne coûtera pas plus aux Etats-Unis qu’aux autres d’être dans l’accord de Paris, et le changement climatique et ce que nous devons faire face à lui peut créer des emplois, pas en supprimer ».
Le président de l’Assemblée de la Polynésie française Marcel Tuihani a fait part de sa « stupéfaction ». « Nous regrettons que le président des États-Unis n’ait pas plus de considération pour les peuples des États insulaires du Pacifique, dont l’existence est menacée par les effets du réchauffement climatique scientifiquement prouvé. »
Le Quotidien / AFP