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CETA : fin du psychodrame, le Parlement wallon accepte la signature du traité


Paul Magnette a-t-il "lâché à la dernière minute", comme le lui reprochent les écologistes et l'extrême gauche ? (photo AFP)

Le Parlement de la région belge de Wallonie, d’où est partie il y a deux semaines la fronde anti-CETA, a donné vendredi son feu vert à la signature par la Belgique de ce traité de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada.

Une motion du Parlement demandant au chef du gouvernement wallon, Paul Magnette, de « donner délégation » au gouvernement fédéral pour qu’il appose la signature de la Belgique au CETA a été approuvée par 58 voix pour et 5 contre, lors d’une séance plénière extraordinaire dans la capitale de la région francophone du sud de la Belgique.

Après deux semaines de psychodrame et de négociations marathon, l’opposition de la Wallonie à l’accord de libre-échange UE-Canada a donc été levée vendredi, ouvrant la voie à la signature prochaine de ce traité transatlantique. Le chef du gouvernement de Wallonie, Paul Magnette, a fini par se rallier à l’accord, négocié pendant sept ans par la Commission européenne et Ottawa, après avoir bataillé âprement et arraché un compromis au nom du respect de la démocratie et de la protection du modèle social et environnemental européen.

« Amendé, corrigé, plus juste »

« Le CETA amendé, le CETA corrigé, est plus juste que l’ancien CETA, il offre plus de garanties et c’est celui-là que je défends devant vous », a plaidé le dirigeant socialiste devant les parlementaires. Les trois entités de l’État fédéral belge (Wallonie, région de Bruxelles-Capitale et communauté linguistique française) étaient les dernières figures de résistance au CETA en Europe. La Belgique peut désormais dire à ses 27 partenaires de l’Union européenne qu’elle est prête à les rejoindre en apposant son paraphe au bas du traité.

Sans l’opposition de la Wallonie, cela aurait dû être fait le 18 octobre par les ministres du Commerce de l’UE, avant une cérémonie officielle programmée jeudi à Bruxelles, en présence du Premier ministre canadien Justin Trudeau, mais qui a été ajournée à la dernière minute. Disposant des mêmes pouvoirs, en vertu de la Constitution fédérale belge, qu’un Parlement national, l’assemblée wallonne – comme aucune autre en Europe – s’était plongée dans le volumineux texte du traité. Elle n’avait pas manqué de faire part de ses réserves depuis des mois. Réserves dont le gouvernement fédéral du Premier ministre libéral Charles Michel – qui ne pouvait engager la Belgique sans l’accord unanime de ses régions-, les institutions européennes et le Canada ont semblé ne pas tenir compte. Malgré d’intenses pressions, les Wallons n’ont pas cédé jusque alors.

Des tractions qui n’ont « pas changé une virgule »

Les différentes parties belges ont fini par s’entendre jeudi sur une position commune résumée en une déclaration du Royaume de Belgique. Ce document a déjà reçu un feu vert préliminaire des ambassadeurs européens auprès de l’UE. Chacune des 27 capitales est désormais invitée à formaliser leur agrément par écrit d’ici à vendredi minuit.

Paul Magnette, social-démocrate et européen convaincu, s’est résolu à accepter un « compromis », selon ses mots, qui ne remette pas en cause le bien-fondé du renforcement des liens avec le Canada. Même si son rival politique Charles Michel affirme que ces tractations n’ont « pas changé une virgule », le dirigeant wallon s’est targué d’avoir « amendé » le traité sur plusieurs points notamment en matière de droit du travail et d’environnement.

Critiqué depuis jeudi par les écologistes et l’extrême gauche, qui lui reprochent d’avoir lâché à la dernière minute, Paul Magnette leur a répondu que « la dénonciation procure un certain plaisir » mais « ne change rien ». Après l’accord intervenu jeudi entre Belges, le Canada s’était réjoui, tout en restant prudent. « Il y a d’autres étapes avant la signature », mais « le Canada est prêt à signer l’accord lorsque l’Europe sera prête », avait réagi à Ottawa la ministre du Commerce international Chrystia Freeland. Après avoir obligé le chef du gouvernement canadien à annuler son billet d’avion pour Bruxelles au dernier moment, les Européens feront-ils profil bas en allant signer le traité à Ottawa ? « C’est une idée », a concédé vendredi le porte-parole de la Commission européenne.

Le Quotidien/AFP