Deux hommes jugés à Bruxelles comme dirigeants présumés de la cellule jihadiste démantelée début 2015 à Verviers ont nié mardi y avoir joué un rôle majeur, l’un se disant juste exécuteur des ordres d’Abldelhamid Abaaoud et l’autre simple faussaire sans visées terroristes.
Lors du deuxième jour de procès devant le tribunal correctionnel de Bruxelles, Mohamed Arshad, 27 ans, a reconnu avoir agi pour mettre sur pied la cellule de Verviers mais «sous pression» d’Abaaoud, le chef présumé de ce réseau, soupçonné d’avoir organisé les attentats du 13 novembre 2015 à Paris. La cellule de Verviers, une ville de l’est de la Belgique, a été neutralisée lors d’un spectaculaire assaut policier le 15 janvier 2015 au moment où elle préparait un attentat «imminent», selon les autorités belges.
Mohamed Arshad a aussi assuré avoir été le seul des prévenus à avoir été en contact avec ses relais en Syrie, où il s’était rendu, et en Turquie, à l’automne 2014, bien que des écoutes téléphoniques longuement évoquées à l’audience semblent prouver le contraire. «La ligne de défense qui est la sienne est particulière», a concédé son avocat, Anthony Rizzo.
Achat de talkie-walkies, de produits servant à la fabrication d’explosifs, location de véhicules et de la maison de Verviers, achat de meubles, démarches pour obtenir des faux papiers… Mohamed Arshad ne rechignait pas à la tâche pour satisfaire les instructions que lui transmettait depuis la Turquie Abdelhamid Abaaoud, selon sa déposition devant le tribunal. «Ce n’était pas très réfléchi, je faisais ce qu’on me demandait de faire», a-t-il expliqué, évoquant la «pression» exercée sur lui par Abdelhamid Abaaoud. Ce dernier a été tué le 18 novembre 2015 lors d’une opération de police à Saint-Denis, près de Paris.
Parmi ses missions, Mohamed Arshad devait se procurer une série de 10 faux documents (5 passeports et 5 cartes d’identité), en utilisant les photos (dont une d’Abaaoud) et l’argent qui lui avaient été remis en Syrie en septembre 2014. Pour ce faire, il a contacté un petit délinquant de la commune bruxelloise de Molenbeek, Souhaib El Abdi, qui se trouve sur le banc des accusés à ses côtés.
«J’ai fourni des faux papiers, mais je n’ai commis aucun autre acte, je ne suis pas parti en Syrie, je n’ai participé à rien de terroriste», s’est défendu M. El Abdi. Celui-ci avait néanmoins quitté précipitamment la Belgique avec son frère Ismaël dans les heures qui ont suivi l’assaut à Verviers, où deux jihadistes présumés ont été tués par la police, tandis qu’un troisième individu, Marouane El Bali, était interpellé. Le témoignage de ce dernier est très attendu.
Les frères El Abdi avaient été interceptés à la frontière franco-italienne, près du tunnel du Fréjus, le 16 janvier à 07h00 du matin. «Je voulais me mettre au vert quelques temps en Hollande mais on s’est trompé de route et on s’est retrouvé en France», a expliqué Souhaib El Abdi, face à un président du tribunal, Pierre Hendrickx, visiblement incrédule.
Le Quotidien/AFP