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Burkina Faso : deux putschs en huit mois


Ibrahim Traoré devrait rester président jusqu’aux prochaines élections, en juillet 2024. (Photo : afp)

L’insécurité due aux attaques djihadistes menace l’avancée démocratique du Burkina Faso. En huit mois à peine, deux coups d’État ont eu lieu.

Ces dernières années, le Burkina Faso était présenté comme un exemple de démocratie en Afrique. Le renversement en 2014 de Blaise Compaoré (27 ans au pouvoir et qui souhaitait modifier la Constitution pour briguer un nouveau mandat) puis la tenue d’élections présidentielles et législatives laissaient croire en la réussite de la transition démocratique. Mais la dégradation du contexte sécuritaire a fait vaciller l’État de droit.

Le 23 janvier, un premier coup d’État mené par le lieutenant colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba renverse le président démocratiquement élu Roch Marc Christian Kaboré, dont le bilan en matière sécuritaire était décrié.

Huit mois plus tard, c’est au tour de Damiba lui-même d’être renversé par un putsch, le 30 septembre, faute d’avoir pu régler la question de l’insécurité en cinq mois comme il l’avait promis. Le chef de la junte à la tête de ce dernier coup d’État, le jeune capitaine Ibrahim Traoré (34 ans), a été investi président le 21 octobre. Il est prévu qu’il occupe ce poste jusqu’aux prochaines élections qui doivent se tenir en juillet 2024.

Soutien de la population

Ces renversements bénéficient du soutien de la population, assure Yves Ouoba, de l’ONG Tin Tua : «C’est le rôle de l’État de protéger ses citoyens. L’incapacité à répondre à la question sécuritaire a fait monter la grogne et des groupes ont pensé pouvoir apporter une réponse à cette situation. Hélas, le Burkina Faso est redevenu un pays où, au lieu d’aller au pouvoir par les urnes, on y va par le coup d’État. La population, qui espère une alternative et la sécurité, a donc soutenu ces putschs. Mais l’adhésion populaire est corrélée aux résultats.»

Si l’ONG Tin Tua, dont l’une des missions consiste à éduquer à la participation citoyenne et à inciter les jeunes et les femmes à devenir des acteurs en matière de politique locale, «condamne systématiquement les coups d’État», elle prend cependant «acte des nouvelles autorités».

«En plus des droits humains, les ONG et autres associations de la société civile interviennent là où l’État ne peut pas aller, surtout dans ce contexte insécuritaire. Ce n’est pas notre rôle de décider qui va être au pouvoir. Par contre, nous allons nous assurer que les autorités en place ne vont pas restreindre notre espace de liberté et d’intervention, qu’elles vont la faciliter et permettre un retour des services sociaux de base pour tous les Burkinabés, où qu’ils se trouvent», prévient Yves Ouoba.

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