L’accord entre Paris et Berlin sur un budget de la zone euro déplait fortement à l’aile droite des conservateurs d’Angela Merkel et attise les tensions déjà vives au sein du gouvernement, affirment des médias allemands mercredi.
Le parti bavarois CSU, allié à l’Union démocrate-chrétienne (CDU) de la chancelière, veut demander la convocation d’une réunion rassemblant membres du gouvernement et autres représentants des partis au pouvoir pour débattre en détail des décisions annoncées mardi à Meseberg, lors d’un conseil des ministres franco-allemand, affirment le journal populaire Bild et le quotidien de centre-gauche Süddeutsche Zeitung.
Le feu vert donné par Angela Merkel à la création à l’horizon 2021 d’un budget pour la zone euro, projet cher au président français Emmanuel Macron et censé mieux protéger les États membres contre les crises, est vu d’un très mauvais œil par l’Union chrétienne-sociale (CSU) qui croise déjà le fer avec Angela Merkel sur la politique d’asile, ajoute-t-ils. « Nous avons toujours été très sceptiques concernant un budget de la zone euro », indique le chef du gouvernement de Bavière Markus Söder cité dans la Süddeutsche Zeitung, estimant qu’il pourrait menacer la stabilité de la monnaie unique. « Cela doit être clarifié précisément’, ajoute-t-il.
L’accueil des migrants menacé
L’Allemagne a toujours craint qu’un tel budget encourage une « union de transferts », forçant les pays les plus « vertueux » à payer pour les États dont ils jugent la politique trop laxiste, comme l’Italie ou l’Espagne. Si les sociaux-démocrates, membres eux aussi de la coalition gouvernementale, se sont montrés favorables aux réformes de la zone euro préconisées par Emmanuel Macron, l’enthousiasme a toujours été plus mesuré dans le camp conservateur d’Angela Merkel, voire franchement hostile.
La chancelière subit déjà une fronde menée par son ministre de l’Intérieur Host Seehofer (CSU) concernant sa politique migratoire, qui pourrait potentiellement provoquer la chute de son gouvernement. Seehofer lui a donné deux semaines, soit après le sommet de l’UE des 28-29 juin, pour trouver une solution européenne au défi migratoire, faute de quoi il s’est dit prêt à « refouler immédiatement » les migrants arrivant aux frontières allemandes en provenance d’autres pays européens.
Lors de la réunion de Meseberg mardi, le chef de l’État français a assuré la chancelière de son soutien dans le domaine de l’accueil des migrants. Les deux dirigeants ont dit travailler à un accord entre plusieurs pays de l’espace Schengen visant à refouler tout demandeur d’asile vers l’État où il a été enregistré en premier.
Le Quotidien/AFP