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Brexit : qui pourrait empêcher un accord ?


Le président du Conseil européen Donald Tusk reçu par le président François Hollande le 23 novembre 2015 à l’Élysée à Paris. (Photo : AFP)

France, Allemagne, Italie, Grèce, pays de l’Est : plusieurs États européens pourraient encore faire obstacle à l’accord escompté cette semaine sur les réformes réclamées par Londres afin qu’elle reste dans l’UE.

FRANCE

La France a émis un certain nombre d’objections sur une série de garanties promises à Londres pour les pays qui n’appartiennent pas à la zone euro, notamment celles concernant la City afin que celle-ci ne pâtisse pas d’un renforcement de la monnaie unique.

Paris rejettera toute mesure qui permettrait aux 9 pays n’ayant pas adopté la monnaie unique de bloquer les décisions des 19 membres de la zone euro. «Il ne peut exister aucun veto de la part de pays ne faisant pas partie de la zone euro», a prévenu le président François Hollande, alors que Paris souhaite poursuivre l’intégration de l’Union économique et monétaire (UEM).

La France a ainsi été la force motrice de certains changements apportés au projet d’accord du président du Conseil Donald Tusk: elle a notamment mis tout son poids pour mentionner la «sincère coopération» des pays non membres de la zone euro, selon une ébauche du projet.

Donald Tusk doit rencontrer François Hollande lundi à Paris.

LES QUATRE DE VISEGRAD

La Pologne, la Hongrie, les Républiques tchèque et slovaque -qui forment le «groupe de Visegrad»- se montrent inquiets de la volonté du Premier ministre britannique de limiter les prestations sociales pour les travailleurs européens employés au Royaume-Uni.

Chacun de ces quatre pays de l’ex-bloc communiste compte plusieurs centaines de milliers de ressortissants partis travailler outre-Manche au début des années 2000. Ils considèrent comme «discriminatoire» La demande de David Cameron de restreindre pendant quatre ans les aides sociales pour les ressortissants intra-européens.

Comme les institutions européennes, ils y voient un sérieux coup de canif dans le principe de libre-circulation, fondateur de l’Union. Suivant les récentes traces de David Cameron en Europe centrale, Donald Tusk retrouve mardi à Prague le chef du gouvernement tchèque Bohuslav Sobotka, qui préside le groupe de Visegrad.

La Roumanie aurait aussi émis des réserves, c’est pourquoi le président du Conseil européen l’a également incluse dans la tournée qu’il effectue avant le sommet européen de jeudi à Bruxelles. Il a un entretien lundi après-midi avec le président roumain Klaus Iohannis.

L’ALLEMAGNE ET LE NORD

La chancelière Angela Merkel est plutôt solidaire de son homologue conservateur britannique. Mais elle insiste sur le caractère immuable des principes «fondamentaux» de l’UE.

Cependant, le fait que l’Allemagne soit confrontée à une crise migratoire sans précédent -elle a accueilli sur son sol plus d’un million de personnes en 2015- pourrait la conduire à réclamer pour elle même la possibilité de restreindre les aides sociales aux étrangers.

Tout signal en ce sens de la part de l’Allemagne, ou d’autres pays riches du Nord tels que la Suède et le Danemark, pourrait pousser des Etats d’Europe centrale et de l’Est à bloquer l’accord, selon des sources européennes. Donald Tusk sera reçu par Mme Merkel à Berlin mardi soir.

GRÈCE

Critiquée par le reste de l’UE pour sa gestion «défaillante» des migrants, toujours empêtrée dans la crise de la dette, la Grèce pourrait être tentée d’arracher certaines concessions en échange de son feu vert à un accord avec Londres.

Le fait que Donald Tusk se déplace à Athènes pour voir le Premier ministre grec Alexis Tsipras mardi laisse à penser que le dirigeant de la gauche radicale a encore besoin d’être convaincu et qu’il pourrait avoir une certaine influence en coulisse.

ITALIE

Le chef du gouvernement italien Matteo Renzi n’a cessé ces derniers mois d’envoyer des piques à la Commission européenne. La dernière en date remonte à mercredi, quand il a estimé que «l’UE est comme l’orchestre jouant sur le Titanic».

Matteo Renzi souhaite en réalité de la part de Bruxelles et de Berlin une plus grande souplesse concernant les déficits budgétaires afin de stimuler la croissance encore fragile dans la Péninsule. Il aimerait aussi être assis à la table des grands, au même titre que la France et l’Allemagne.

Rome a récemment bloqué pendant plusieurs semaines le bouclage du financement du fonds de 3 milliards d’euros promis par l’UE à la Turquie pour améliorer les conditions de vie des réfugiés syriens, en contrepartie de l’assistance d’Ankara pour freiner les flux de migrants vers l’UE. Elle a finalement levé son objection le 3 février.

Rien ne l’empêcherait toutefois de jouer à nouveau les trouble-fête. Donald Tusk n’a toutefois pas prévu de faire escale à Rome avant le sommet européen de jeudi.

AFP/M.R.

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