Après trois sessions de négociations sans percées notables, les Européens attendent toujours lundi à Bruxelles, pour leur quatrième rendez-vous mensuel, des propositions « concrètes » de la part des Britanniques, malgré les efforts de Theresa May en fin de semaine pour débloquer les discussions sur le Brexit.
Le temps presse pour les deux parties qui tentent de régler dans un premier temps trois dossiers prioritaires: la garantie des droits des citoyens directement concernés par le départ britannique de l’UE, le « solde des comptes », et la question irlandaise.
A l’ouverture des négociations, l’objectif était de boucler cette première phase à l’automne afin de passer aux discussions sur la nature de la future relation entre l’Union et le Royaume-Uni, mais l’espoir de respecter ce calendrier semble mince. « Nous allons prendre tout le temps dont nous avons besoin et ensuite s’atteler à la deuxième phase », a affirmé quelques jours avant le début du quatrième round un haut responsable européen.
« A l’heure actuelle, absolument personne ne pense qu’on sera prêt en octobre », a ajouté cette même source, n’excluant toutefois pas un rebondissement de dernière minute avant le sommet européen du 19 et 20 octobre. Il revient à Michel Barnier d’évaluer la progression des négociations et de proposer aux 27 de passer à la phase suivante.
La Première ministre Theresa May a plaidé vendredi en Italie, lors d’un discours très attendu, pour un Brexit « soft », avec une période de transition de deux ans, dans une tentative de relancer les négociations.
L’écueil financier
Elle s’est engagée à « honorer » les engagements financiers pris par son pays en tant que membre de l’UE. Elle n’a toutefois avancé aucun chiffre et n’a pas apporté plus de précisions. Si les Européens n’ont pas réclamé de fixer un montant pour progresser vers la phase suivante des négociations, ils exigent de définir une « méthodologie » pour calculer le montant des engagements britanniques.
Côté européen, le réglement financier du divorce a été evalué entre 60 et 100 milliards d’euros, selon plusieurs sources. Au quotidien The Times, qui affirme que Londres a accepté de payer 40 milliards de livres (45 milliards d’euros), soit 20 milliards comme contribution au budget européen qui court jusqu’en 2020 et 20 milliards pour d’autres engagements, le ministre britannique en charge du Brexit David Davis a répondu que la somme était « inventée ».
« Je ne vais pas donner un chiffre à l’antenne, ce serait ridicule de faire cela, mais nous avons une idée assez claire d’où nous voulons aller » sur ce sujet, a-t-il déclaré, invité sur la BBC dimanche.
Son homologue européen, le Français Michel Barnier, qui mène les négociations au nom de l’UE, a salué un discours « constructif » de la part de Theresa May, qui « traduit une volonté de progresser alors même que le temps passe ».
Mais il a dans le même temps demander de « traduire » ces propos « dans des positions de négociations afin de faire de véritables progrès ». Ainsi sur la promesse de Mme May concernant la facture, il a assuré que l’Union devrait « vérifier (…) si cette assurance couvre tous les engagements pris par le Royaume-Uni en tant qu’Etat-membre ».
Michel Barnier a en outre noté que la Première ministre n’avait pas apporté de clarifications sur la façon dont le Royaume-Uni entendait s’engager pour garantir les accords de paix en Irlande.
La date du round des tractactions de septembre avait été décalée d’une semaine, pour se tenir après l’intervention de Mme May. La précédente session, fin août, s’était terminée sur les deux camps se rejetant mutuellement la responsabilité du peu d’avancées réalisées.
Le détail de la session de négociations n’a pas été donné. Elle se déroule généralement sur quatre jours, jusqu’au mardi. Une rencontre est par ailleurs prévue mardi à Londres entre Theresa May et Donald Tusk, le président du Conseil européen, organe qui regroupe les dirigeants des Etats de l’Union.
Le Quotidien / AFP