Le Parlement européen va tracer mercredi ses lignes rouges pour les négociations du Brexit, incluant le refus qu’un accord sur la «future relation» avec le Royaume-Uni, notamment commerciale, puisse être conclu avant que Londres se soit retiré de l’UE.
Les eurodéputés, qui doivent voter à la mi-journée sur une résolution en séance plénière à Strasbourg, devront donner leur accord en fin de course à tout accord conclu avec Londres pour régler les modalités de sortie des Britanniques de l’Union.
«Nous voulons envoyer un signal clair de l’unité de l’UE», a expliqué mardi Manfred Weber, le chef de file du PPE (Parti populaire européen, droite), le principal groupe politique du Parlement européen. «Londres doit comprendre qu’il ne sera pas possible de faire éclater la position européenne», a insisté l’eurodéputé allemand.
La résolution qui doit être adoptée à Strasbourg (est de la France) a déjà obtenu le soutien du PPE et du groupe socialiste et démocrate (S&D), des libéraux de l’ALDE, des Verts et de la GUE (gauche radicale européenne). Le vote «est le point de départ d’une négociation difficile et complexe pour définir les conditions du départ du Royaume-Uni», a déjà souligné le président du Parlement européen, l’italien Antonio Tajani.
Les conditions du Parlement pour le Brexit rejoignent plusieurs points du projet d’«orientations de négociations» présenté vendredi dernier par le président du Conseil européen Donald Tusk, qui représente les dirigeants des Etats membres de l’UE.
Les citoyens d’abord
L’institution strasbourgeoise souhaite aussi que les termes du divorce soit fixés avant qu’un nouvel accord déterminant les relations entre le Royaume-Uni et l’UE soit conclu. Et le Parlement partage le souci prioritaire des 27 de protéger les droits des citoyens européens. «L’ordre logique des négociations doit être respecté», a souligné mardi Manfred Weber.
Le Parlement appuie ainsi le rejet par Donald Tusk de la demande de la Première ministre britannique Theresa May de négociations parallèles dès le début, à la fois sur les modalités de sortie de l’UE et sur les relations futures des deux partenaires. Les conditions posées par Donald Tusk ont donné le ton pour les négociations à venir et doivent être adoptées par les 27 Etats membres restant dans l’UE lors d’un sommet prévu à Bruxelles le 29 avril.
Elles concèdent toutefois à Londres la possibilité que certaines négociations, notamment commerciales, pourront se tenir en même temps que les négociations de sortie. La résolution du Parlement prévoit que des discussions sur des «dispositions transitoires» pourront commencer pendant la période de deux ans prévue pour les négociations si «des progrès tangibles» sont réalisés en direction d’un accord de retrait.
La période de transition pour trouver un accord commercial après le retrait du Royaume-Uni ne pourra cependant pas durer plus de trois ans. «Jusqu’au jour où vous partez, vous devez payer votre part des factures», a insisté le chef de file des sociaux-démocrates, l’eurodéputé italien Gianni Pittella.
Une facture qui pourrait s’établir entre 55 et 60 milliards d’euros, selon un haut responsable européen. La résolution appelle aussi à protéger les droits des trois millions de ressortissants européens qui résident au Royaume-Uni et du million de Britanniques qui habitent dans des pays de l’UE. «La priorité, ce sont les citoyens européens», a encore plaidé Manfred Weber.
Le négociateur en chef de l’UE pour le Brexit, le français Michel Barnier, et le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker devraient prendre la parole mercredi matin dans l’hémicycle strasbourgeois lors du débat précédant le vote de la résolution. Le vote du Parlement européen sur l’accord final du Brexit pourrait quant à lui intervenir fin 2018 ou début 2019.
Le Quotidien/AFP