Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a annoncé jeudi qu’un accord a été trouvé sur le Brexit, à quelques heures d’un sommet européen à Bruxelles.
« Nous en avons un ! », a-t-il lancé sur son compte Twitter, après plusieurs jours d’intenses tractations. Jean-Claude Juncker a qualifié l’accord d' »équitable et équilibré » et recommandé aux dirigeants des 27 de donner leur feu vert. « Nous avons un excellent nouvel accord qui reprend le contrôle », a tweeté de son côté le dirigeant conservateur. Il a appelé les députés britanniques à approuver cet accord lors d’une séance parlementaire exceptionnelle samedi.
????? Where there is a will, there is a #deal – we have one! It’s a fair and balanced agreement for the EU and the UK and it is testament to our commitment to find solutions. I recommend that #EUCO endorses this deal. pic.twitter.com/7AfKyCZ6k9
— Jean-Claude Juncker (@JunckerEU) October 17, 2019
Jean-Claude Juncker s’est entretenu par téléphone avec Boris Johnson, alors que celui-ci avait commencé la journée sur un sérieux revers : son allié, le parti nord-irlandais DUP, a rejeté « en l’état » son compromis sur l’accord de divorce, négocié fébrilement depuis plusieurs jours à Bruxelles. Londres et l’UE espéraient pouvoir sceller cet accord au sommet européen qui s’ouvre jeudi après-midi, en théorie le dernier avant la date prévue du Brexit le 31 octobre.
« Avant le sommet, chaque heure, minute, compte. Nous voulons un accord », a déclaré la porte-parole de la Commission Mina Andreeva en annonçant le coup de téléphone entre les deux responsables. Un porte-parole de Downing Street a dit que la conversation s’inscrivait dans « les discussions en cours pour garantir un accord ». À quelques heures de l’ouverture du sommet, un haut responsable européen indiquait qu’aucun texte juridique n’avait pour l’instant été mis à la disposition des diplomates. En guise d’analyse de la situation, il se contentait d’un : « Peut-être que nous aurons un accord, peut-être pas ».
Issue de secours ?
Il n’est pas prévu que des négociations aient lieu pendant le sommet. Le Conseil s’ouvrira sur le Brexit, avec l’espoir pour les 27, une fois la question traitée, de pouvoir se concentrer sur d’autres sujets pressants, comme la politique étrangère ou le futur budget de l’UE. Boris Johnson aura l’occasion de s’adresser à ses homologues européens, avant que ceux-ci poursuivent la réunion à 27.
Mais même avec ce nouvel accord, Boris Johnson aura la délicate mission de faire passer celui-ci au Parlement britannique, où il n’a plus de majorité, et devra compter sans le soutien du DUP, qui fait partie d’une coalition parlementaire avec son Parti conservateur. Ce parti unioniste nord-irlandais a douché l’optimisme en déclarant qu’il ne pouvait pas « soutenir ce qui est proposé sur les questions des douanes et du consentement (de l’exécutif nord-irlandais au projet de Brexit). Il a également regretté « un manque de clarté sur la TVA », à savoir le régime de taxe qui sera appliqué en Irlande du Nord.
Le petit parti, qui compte dix députés à la Chambre des Communes, a affirmé cependant qu’il « continuera à travailler avec le gouvernement pour parvenir à un accord raisonnable qui fonctionne pour l’Irlande du Nord et protège l’intégrité économique et constitutionnelle du Royaume-Uni ». En l’absence d’accord au sommet, Boris Johnson sera contraint par une loi votée le mois dernier au Parlement britannique de demander à Bruxelles un report, alors qu’il s’était engagé à une sortie britannique de l’UE « coûte que coûte » le 31 octobre.
LQ/AFP
Appel au rejet outre-Manche
Le chef du parti travailliste, principale formation d’opposition au Royaume-Uni, a appelé les députés britanniques à « rejeter » l’accord de Brexit trouvé, rendant improbable l’adoption par le Parlement du texte, auquel s’oppose également le parti nord-irlandais DUP.
Cet accord « ne rassemblera pas le pays et doit être rejeté. La meilleure façon de résoudre le Brexit est de donner à la population le dernier mot lors d’un vote populaire », a déclaré Jeremy Corbyn, leader du Labour, dans un communiqué. Ce rejet s’ajoute à celui exprimé par le petit parti nord-irlandais DUP.