En l’absence d’accord, les discussions entamées dimanche soir à Londres entre le Premier ministre britannique David Cameron et le président en exercice de l’Union européenne Donald Tusk pour éviter la sortie de la Grande-Bretagne de l’Union Européennes ont été prolongées de 24 heures, qui seront «cruciales», a annoncé Donald Tusk.
Cette rencontre est déterminante, Londres ayant formulé des exigences, dont la limitation de l’immigration européenne, pour rester dans le bloc des 28, à l’approche d’un référendum sur la question prévu d’ici fin 2017. «Pas encore d’accord. Travail intensif dans les prochaines 24 heures crucial», a écrit Donald Tusk dimanche soir sur son compte Twitter.
Donald Tusk a «donné son accord pour 24 heures supplémentaires de discussions» avant de publier ses propositions sur les quatre points soulevés par M. Cameron en amont du référendum, a écrit pour sa part le Premier ministre britannique, également sur ce réseau social.
«Certains progrès» ont été faits durant la réunion mais il y avait «encore des points de désaccord», a expliqué pour sa part une source européenne.
Le gouvernement conservateur de Londres a fixé quatre exigences à ses partenaires européens : ne pas faire de discrimination à l’égard des pays non membres de la zone euro, mettre l’accent sur la compétitivité, restaurer la souveraineté du pays (par exemple en octroyant un droit de veto aux Parlements nationaux) et limiter l’immigration européenne.
Les tractations portent sur une solution alternative proposée par Bruxelles à la volonté de Londres d’imposer un moratoire de quatre ans avant le versement de certaines aides sociales aux immigrants issus de l’UE venant travailler au Royaume-Uni. Une demande jugée «discriminatoire» et contraire à la libre circulation des biens et des personnes, un principe fondateur de l’UE.
La solution proposée par l’UE prendrait la forme d’un «frein d’urgence» qui pourrait être actionné si les services publics britanniques sont débordés ou si la Sécurité sociale britannique est victime d’abus répétés.
« Frein d’urgence »
Donald Tusk est arrivé à Londres en compagnie de son équipe de négociation au grand complet : son chef de cabinet Piotr Serafin, le secrétaire général du Conseil Jeppe Tranholm-Mikkelsen, et le directeur général du service juridique Hubert Legal.
Le Premier ministre britannique avait lui l’intention de dire «clairement qu’un accord n’est possible que si le frein s’applique aux niveaux actuels d’immigration européenne, s’il peut être activé immédiatement après le référendum et s’il s’applique suffisamment longtemps pour résoudre le problème sous-jacent», a expliqué une source gouvernementale britannique.
Londres veut que ce frein «soit aussi puissant que sa proposition des quatre ans» et qu’il puisse se transformer «en un mécanisme plus permanent», a précisé cette source. Le moratoire de quatre ans proposé par Londres nécessiterait selon les experts une révision des traités.
«Le Premier ministre entend dire très clairement à (Donald) Tusk qu’il ne conclura pas d’accord à tout prix, qu’il n’est pas pressé et qu’il est bien plus important d’obtenir des réformes significatives», selon la même source. Ces discussions interviennent après celles que David Cameron a eues vendredi à Bruxelles avec le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker et le président du Parlement européen Martin Schulz.
«Nous avons fait des progrès aujourd’hui, ce n’est pas suffisant, ça va être difficile», avait déclaré vendredi le Premier ministre britannique à l’issue du déjeuner de travail avec Jean-Claude Juncker. «Si l’accord est bon, je le prendrai, s’il ne l’est pas, je ne le prendrai pas».
Si Londres obtient un accord final lors du prochain sommet européen, qui se tiendra à Bruxelles les 18 et 19 février, le référendum pourrait être organisé dès le mois de juin. Mais David Cameron s’est dit prêt à patienter. «Nous avons jusqu’à la fin de 2017 pour organiser notre référendum», a-t-il réaffirmé.
Selon les derniers sondages, le vote en faveur de la sortie de la Grande-Bretagne de l’UE l’emporterait avec une faible marge.
AFP/M.R.