David Cameron, qui restera dans l’Histoire comme le Premier ministre britannique par lequel est arrivé le Brexit, a dit ne pas regretter d’avoir organisé le référendum sur la sortie de l’Union européenne, même s’il pense « tous les jours » à ses conséquences.
C’est lui qui, en 2013, avait promis cette consultation pour tenter de calmer la frange eurosceptique de son Parti conservateur et devant la montée du parti europhobe et anti-immigrés Ukip, emmené par Nigel Farage. « J’y pense tous les jours (…) et le fait que nous ayons perdu et les conséquences (…), et je m’inquiète désespérément de ce que réserve l’avenir », a confié l’ex-dirigeant conservateur dans un entretien avec le quotidien The Times, avant la publication jeudi de ses mémoires, « For the Record ».
Juin 2016, le choc
C’est la première fois qu’il s’exprime en détail sur le sujet depuis son départ de la scène politique à la suite du référendum. Le Royaume-Uni a voté à 52% en faveur du Brexit en juin 2016, mais la question continue de profondément diviser la société britannique, plus de trois ans après cette consultation et à moins de 50 jours de l’échéance, le 31 octobre. Ce pays s’est englué dans une crise politique tandis que les négociations avec Bruxelles pour arriver à un compromis de divorce patinent, laissant planer le spectre d’un « no deal » aux conséquences potentiellement chaotiques pour l’économie britannique. « C’est douloureux pour le pays et douloureux à voir », constate David Cameron, un ancien condisciple de l’actuel Premier ministre Boris Johnson au collège privé d’Eton, la pépinière de l’élite britannique.
« Pas une décision à la légère »
A-t-il pour autant des regrets ? « Ce que j’ai essayé de faire dans le livre, c’est expliquer pourquoi je pensais que c’était inévitable », raconte-t-il. « Organiser un référendum n’était pas une décision que j’ai prise à la légère », poursuit-il, tout en reconnaissant avoir subi une « énorme pression politique ». « Certaines personnes ne me pardonneront jamais d’avoir organisé un référendum. D’autres de l’avoir organisé et de l’avoir perdu », admet-il. Mais il y a aussi « tous ces gens qui voulaient un référendum et qui voulaient sortir (de l’UE), qui sont contents qu’une promesse ait été faite et tenue ». En 2016, cet ex-chef du gouvernement avait fait campagne pour le maintien dans l’Union européenne et démissionné dans la foulée de la victoire du « oui » au Brexit, après six ans à ce poste. Il s’est depuis retiré de la vie politique. Un Brexit sans accord serait « mauvais », selon lui : « j’espère vraiment que cela n’arrivera pas ». Il a estimé qu’un second référendum ne pouvait être exclu pour sortir de la crise, « parce que nous sommes coincés ».
AFP