Le Monde publie ce mardi une tribune de divers intellectuels musulmans de renommée internationale, qui rejettent catégoriquement le boycott lancé par certains dirigeants de pays à majorité musulmane.
Le président français s’est expliqué sur Al Jazeera sur la défense de la liberté d’expression en France en début de semaine. Mais les indignations instrumentalisées restent assez vives.
Des intellectuels du monde musulman prennent la défense de la France dans une tribune publiée ce mardi dans Le Monde.
On y lit notamment que :
• Les auteurs et les signataires de ce texte trouvent vulgaires et choquantes les caricatures [de Charlie Hebdo]. Mais en France, le blasphème n’est pas un crime. Il peut donc être critiqué, mais il n’est pas contraire à la loi. Depuis la Révolution de 1789, la liberté d’expression est protégée par l’article 10 de la Déclaration des droits de l’homme. Les limites sont clairement énoncées par la loi […] Tout citoyen est libre d’aller devant les tribunaux s’il estime que ces limites ont été franchies, non pas au nom du droit au blasphème, mais au nom du respect de la dignité humaine, et quelle que soit la religion concernée, catholique, protestante, juive ou musulmane.
• Nous soulignons que l’Islam rejette également toute idolâtrie ou sacralisation de la personne humaine. En effet, le prophète Muhammad lui-même a souligné qu’il n’était qu’un messager.
• Contrairement à ce qui a été dit ici ou là, le discours du président Macron n’a pas critiqué l’Islam. Il a critiqué l’islamisme, qui est une déformation de l’islam.
• Contrairement à ce qui a été dit ici ou là, à aucun moment le discours n’a cherché à réformer ou à modifier l’islam. Le président de la République française est respectueux de toute religion. Et il est respectueux d’une tradition française, établie par une loi de 1905 : la séparation de l’Église, des Églises et de l’État. L’État français n’intervient pas dans la vie des Églises, dans aucune d’entre elles.
• Nous, intellectuels engagés dans un effort de concorde à l’échelle internationale, avons choisi de soutenir des idées comme celle-ci, qui témoignent d’un idéal universel, et dont l’islam-civilisation est une expression.
On retrouve notamment dans les signataires : Farid Abdelkrim, auteur et acteur ; Mohamed Bajrafil, islamologue et essayiste ; Sadek Beloucif, président de l’association Islam au XXIe siècle ; Chems-eddine Hafiz, recteur de la Grande Mosquée de Paris ; Eva Janadin, déléguée générale de l’association Islam au XXIe siècle ; Hakim El Karoui, fondateur de l’Association des musulmans pour l’Islam de France ; Khaldoun Nabwani, philosophe ; Tareq Oubrou, grand imam de Bordeaux ; Hachem Saleh, écrivain ; Youssef Seddik, philosophe, anthropologue des textes sacrés.
Le Quotidien