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Bélarus : nouvelle manifestation d’ampleur, Loukachenko inflexible


Quasiment un mois à un mouvement de protestation inédit pour dénoncer la réélection de Loukachenko et la répression brutale des manifestations pacifiques. (photo AFP)

L’opposition bélarusse est à nouveau dans la rue pour un cinquième dimanche de mobilisation contre le président Alexandre Loukachenko qui, loin de reculer face à ce mouvement de protestation historique, durcit le ton tout en cherchant l’aval de Moscou.

Malgré la fatigue et la lassitude face à un chef de l’État qui exclut tout dialogue, des dizaines de milliers de Bélarusses manifestaient à nouveau dimanche à Minsk. Brandissant les couleurs blanches et rouges de l’opposition, la foule convergeait depuis différents quartiers de la capitale bélarusse vers le centre-ville, où un important dispositif de sécurité a été mis en place avec le déploiement de blindés et de l’armée autour de plusieurs bâtiments importants.

Alexandre Loukachenko, qui dénonce depuis le début de ces manifestations un complot occidental, recherche de plus en plus le soutien de Moscou qui semble prêt à lui apporter, comme en témoigne la visite cette semaine à Minsk du Premier ministre russe Mikhaïl Michoustine.

Cette semaine a été marquée par la réponse sévère des autorités aux défilés d’étudiants : depuis la rentrée du 1er septembre, ceux-ci se sont mis en grève et ont mené plusieurs actions, drapées dans les couleurs rouges et blanches de l’opposition, pour dénoncer la main-mise d’Alexandre Loukachenko sur le pays depuis 26 ans. Plusieurs dizaines d’entre eux ont été arrêtées, une réponse répressive qui touche aussi les journalistes bélarusses dont une vingtaine ont été interpellées.

Encore samedi, environ 4 000 personnes ont défilé dans les rues de Minsk et 91 ont été arrêtées, selon le ministère de l’Intérieur. « Rappelez-vous que nous sommes forts tant que nous sommes unis », a déclaré dans un court message vidéo la cheffe de file de l’opposition, Svetlana Tikhanovskaïa, réfugiée en Lituanie et qui estime avoir remporté le scrutin. C’est à son appel que depuis l’élection, les Bélarusses se réunissent chaque dimanche à Minsk pour dire leur opposition à Alexandre Loukachenko : ces manifestations historiques ont réuni jusqu’à plus de 100 000 personnes, un record dans l’histoire du pays.

Prêt à tout pour plaire à Moscou

Vendredi, elle a appelé la communauté internationale à des sanctions contre le régime d’Alexandre Loukachenko et à l’envoi d’une mission de l’ONU pour « documenter » les violations des droits humains, la répression des manifestations ayant fait trois morts et des dizaines de blessés, de nombreux cas de torture et mauvais traitements ayant aussi été dénoncés.

Droit dans ses bottes, apparaissant régulièrement un fusil automatique à la main, le président de 66 ans ne cesse de dénoncer les « rats » qui manifestent contre lui, tout en appelant la Russie à la rescousse. Moscou, qui dénonce depuis le début de la crise l’ingérence occidentale, a justement intensifié son soutien avec la visite à Minsk jeudi de Mikhaïl Michoustine, qui n’a pas fait de grande déclaration mais dont le déplacement était le premier de ce niveau depuis le début de la crise. Vladimir Poutine a déjà promis l’envoi de forces russes au Bélarus si la contestation devait dégénérer, une rencontre avec Alexandre Loukachenko étant prévue « dans les deux prochaines semaines » selon le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov.

Alexandre Loukachenko semble d’ailleurs prêt à tout pour plaire à son voisin russe dont il est depuis des années un allié fiable mais turbulent, alternant les périodes de rapprochement et celles où il dénonce l’expansionnisme russe. Durant sa rencontre avec Michoustine, il a affirmé que ses services avaient intercepté une communication entre Berlin et Varsovie prouvant que l’empoisonnement de l’opposant russe Alexeï Navalny, hospitalisé à Berlin, était une « falsification » occidentale afin de dissuader Moscou d’intervenir au Bélarus.

LQ/AFP

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