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Aux Etats-Unis, le remboursement des prêts étudiants reprend après 3 ans de gel


Aux Etats-Unis, plus de 46 millions de personnes ont un prêt étudiant, et l'encours total dépasse 1 600 milliards de dollars, selon les données du ministère de l'Education. (Photo Pixabay)

Après une pause d’un peu plus de trois ans liée à la pandémie, des millions d’Américains doivent recommencer en octobre à rembourser leur prêt étudiant, un dur retour à la réalité au prix parfois de plusieurs centaines de dollars par mois.

Mars 2020. Face à la pandémie de Covid-19, le président américain de l’époque, Donald Trump, décrète un moratoire sur le remboursement des prêts étudiants dans un pays où les droits de scolarité dans les universités peuvent atteindre facilement des dizaines de milliers de dollars par année. Cette bouffée d’oxygène pour des millions d’Américains est ensuite prolongée par le successeur de Trump à la Maison Blanche, le démocrate Joe Biden, qui va même plus loin.

Reprenant une promesse de campagne, Biden annonce à l’été 2022 vouloir effacer une partie de l’ardoise pour certains, au moins 10.000 dollars, selon des critères de revenus. Coût total de la mesure: plus de 400 milliards de dollars.

Mais fin juin, la très conservatrice Cour suprême invalide cette mesure phare de Joe Biden visant à annuler une partie de la colossale dette étudiante, estimant que le gouvernement avait outrepassé ses pouvoirs en adoptant ce programme coûteux sans autorisation du Congrès. Résultat, les remboursements doivent reprendre en octobre…

Mais ce retour à la réalité pourrait s’avérer difficile pour des Américains qui ont, depuis, contracté de nouvelles obligations financières, explique à l’AFP Tisa Silver Canady, fondatrice du Maryland Center for Collegiate Wellness, un organisme spécialisé dans l’éducation financière aux étudiants. « Les gens qui disposaient de ce revenu disponible ont pu l’utiliser pour, par exemple, acheter une maison ou une voiture », relève-t-elle. « Maintenant, je crains simplement que pour certaines personnes, ce soit trop (…) Nous constatons que les gens commencent à s’inquiéter ».

46 millions de prêts étudiants

Aux Etats-Unis, plus de 46 millions de personnes ont un prêt étudiant, et l’encours total dépasse 1 600 milliards de dollars, selon les données du ministère de l’Education. La décision de la Cour Suprême va contraindre nombre de ces ménages à revoir leur budget.

« C’était décevant mais pas surprenant », déclare à l’AFP Tiffanie Brown, 43 ans, habitante de la région de Baltimore (Maryland), non loin de la capitale fédérale Washington à propos de la décision du plus haut tribunal au pays.

La dette de Tiffanie dépasse 100 000 dollars. Mais elle fait partie de ceux ayant pu restructurer leur prêt, et, en fonction de leurs revenus, parvenir à réduire temporairement –parfois jusqu’à zéro– leurs mensualités.

La dette n’est néanmoins pas effacée. Souvent même, elle s’accroît, à mesure que les intérêts s’accumulent. Si leurs revenus augmentent, les remboursements reprendront, ou le montant de leur mensualité sera relevé.

Des mesures pour alléger

La dette est de près de 36 000 dollars en moyenne par souscripteur de prêt étudiant, selon une analyse par l’AFP des données du ministère de l’Education.

Depuis la décision de la Cour suprême, Joe Biden a présenté une nouvelle mesure, le plan « Saving on a Valuable Education », visant selon la Maison Blanche à « soulager le plus d’emprunteurs possible aussi rapidement que possible ». Selon leur revenu, certains emprunteurs pourraient voir la facture réduite de moitié. Quant aux prêts de 12 000 dollars ou moins, le solde restant serait annulé au bout de dix ans.

Ce nouveau plan devrait permettre de réduire considérablement le coût du remboursement pour les 20 millions de personnes qui, selon la Maison Blanche, pourraient en bénéficier.

Certaines mesures existent déjà, pour alléger, voire annuler, la dette de certains étudiants qui embrassent une carrière dans le service public ou dans le secteur associatif. Mais les critères sont restrictifs et peuvent varier au gré des présidents.

« Cela peut changer d’une année sur l’autre, d’une administration à l’autre », déplore ainsi Tiffanie Brown, qui espère voir un jour disparaître au moins une partie de sa dette.

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