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Au Conseil de l’Europe, Assange plaide pour la liberté d’informer


Devant le Conseil de l'Europe, il s'est dépeint comme persécuté par les États-Unis. (Photo : AFP)

Dans sa première intervention en public depuis sa sortie de prison, le lanceur d’alerte Julian Assange a plaidé ce mardi 1ᵉʳ octobre, devant une commission du Conseil de l’Europe, pour la liberté d’informer, se dépeignant comme persécuté par les États-Unis.

Le fondateur de WikiLeaks, qui a passé les 14 dernières années, d’abord cloîtré dans l’ambassade d’Équateur à Londres, puis en détention à Belmarsh, une prison proche de la capitale britannique, est arrivé à 8 h à l’institution basée à Strasbourg, dans l’est de la France.

Auditionné par une commission enquêtant sur « la détention et la condamnation de Julian Assange et leurs effets dissuasifs sur les droits de l’homme », il a été applaudi à son installation devant l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE), levant le poing en réaction.

« Je regrette l’ampleur du terrain perdu pendant cette période. À quel point dire la vérité a été stigmatisé, attaqué, affaibli et diminué. Je vois davantage d’impunité, de secret, de représailles pour avoir dit la vérité et plus d’autocensure », a-t-il déclaré dans un long propos introductif.

« Je veux être parfaitement clair : je ne suis pas libre aujourd’hui parce que le système a fonctionné. Je suis libre aujourd’hui, après des années d’incarcération, parce que j’ai plaidé coupable d’avoir fait du journalisme », a-t-il poursuivi.

Persécuté par les États-Unis

En juin dernier, il a passé un accord avec la justice américaine, qui réclamait son extradition et le menaçait d’une lourde peine de prison.

En vertu de cet accord de plaider-coupable, il a été condamné à une peine déjà purgée en détention provisoire, pour obtention et divulgation d’informations sur la sécurité nationale, et a donc pu être libéré.

Il a alors regagné l’Australie, son épouse expliquant qu’il avait besoin d’intimité et de temps pour se rétablir.

Mais devant le Conseil de l’Europe, qui regroupe 46 pays signataires de la Convention européenne des droits de l’homme – dont le Royaume-Uni où il était enfermé – et s’est constamment opposé à son extradition, il s’est dépeint comme persécuté par les États-Unis et leur contre-espionnage pour son activité au sein de WikiLeaks.

Il est revenu sur l’histoire de ce site où il a publié à partir de 2010 des centaines de milliers de documents classifiés concernant les activités militaires et diplomatiques des États-Unis, ainsi que des récits d’exécutions extrajudiciaires et de collecte de renseignements contre les alliés de Washington.

« Recherche de la vérité »

Des activités qui ont fait de lui une figure de la liberté d’expression pour ses partisans, et un blogueur imprudent qui a mis des vies en danger et gravement compromis la sécurité des États-Unis pour ses détracteurs.

Il a affirmé que l’accord de plaider-coupable qu’il avait passé l’empêchait d’engager de nouvelles procédures judiciaires aux États-Unis.

« C’est pourquoi il est si important que (…) des institutions créatrices de normes comme l’APCE agissent pour qu’il soit clair que ce qui m’est arrivé ne doit pas arriver à d’autres », a-t-il insisté.

« Engageons-nous tous à faire notre part pour assurer que la lumière de la liberté ne faiblisse jamais, que la recherche de la vérité continue, et que les intérêts d’une poignée de personnes ne fassent pas taire les voix des plus nombreux ».

Son plaidoyer pourrait mettre à mal la demande de grâce présidentielle qu’il a faite à Joe Biden.

L’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE), composée d’élus désignés par les parlements des 46 États membres, doit débattre mercredi à la suite de cette audition.

Le débat se fera sur la base d’un rapport, porté par l’élue islandaise Thorhildur Sunna Aevarsdottir (Parti pirate), qui qualifie de « disproportionnées » les poursuites et condamnations subies par l’Australien de 53 ans, et le décrit comme un « prisonnier politique ».

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