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Attentat déjoué à la bombe biologique en Allemagne : deux arrestations en Tunisie


Rattachés à Daesh, les trois hommes préparaient des attentats à la ricine pour frapper l'Allemagne et la Tunisie simultanément. (Illustration : AFP)

Deux hommes, soupçonnés de liens avec le Tunisien Seif Allah H., auteur présumé d’un attentat à la bombe biologique déjoué en Allemagne, ont été arrêtés en Tunisie, a indiqué vendredi le ministère de l’Intérieur tunisien.

« Ces deux hommes sont en relation avec un Tunisien résidant en Allemagne, auteur de l’attentat à la bombe déjoué en Allemagne », a précisé le porte-parole du ministère Sofiène Zaag.

Actuellement en détention en Allemagne, Seif Allah H. est soupçonné d’avoir voulu fabriquer une « bombe biologique » à base de ricine, un poison d’origine végétale très violent, 6 000 fois plus puissant que le cyanure.

Son mandat d’arrêt a été prolongé pour « tentative d’appartenance à une association terroriste étrangère », en l’occurrence le groupe Etat islamique, ont indiqué vendredi dans un communiqué les services de presse du procureur général de la Cour fédérale allemande. Le procureur a élargi au 1er août les faits reprochés à Seif Allah en y incluant également « la suspicion urgente qu’un acte grave de violence subversif pour la sécurité de l’Etat était en préparation », selon le communiqué.

Les autorités allemandes ont annoncé le 20 juin avoir déjoué un attentat à « la bombe biologique » à la suite de l’interpellation d’un Tunisien, un projet sans précédent dans ce pays qui reste sous la menace d’attaques jihadistes. Le 24 juillet, son épouse – une Allemande de 42 ans – a été interpelée à son tour pour son rôle présumé dans la préparation de l’attaque.

Deux jours après, la justice tunisienne a émis un mandat d’arrêt contre deux « terroristes en relation » avec Seif Allah H., a indiqué vendredi Sofiène Zaag. Le porte-parole du pôle antiterroriste, Sofiène Sliti a confirmé l’arrestation de ces deux hommes après leur comparution devant un juge. Les recherches ont révélé que l’un de ces deux suspects s’était mis d’accord avec Seif Allah H. « pour commettre simultanément en Tunisie et en Allemagne deux attentats à la bombe artisanale », a-t-il ajouté. La deuxième personne était chargée de préparer un faux passeport à Seif Allah H. pour lui faciliter la fuite vers d’autres pays européens, selon le ministère de l’Intérieur.

Un massacre en préparation

La police Allemande avait découvert dans l’appartement du Seif Allah H. plus de 3 000 graines de ricine et 84 milligrammes de ricine, 950 grammes de poudre pyrotechnique, deux bouteilles de liquide inflammable, des fils soudés à des ampoules et 240 billes de métal. Selon les autorités allemandes, Seif Allah H. a tenté sans succès à deux reprises de se rendre en Syrie via la Turquie en 2017 pour rejoindre Daesh. Et c’est au printemps 2018 qu’il a décidé de faire cet attentat dans « un endroit habité » à l’aide d’un dispositif explosif à base de ricine, a précisé le service de presse du procureur général de la Cour fédérale allemande.

A partir d’avril 2018, il a commencé à se procurer de la ricine par internet. Il a d’abord commandé 175 à 200 graines de ricine, puis en mai 2 000 autres. Seif Allah H. en a également reçu 1 000 autres gratuitement, selon la même source. En mai, il a eu contact avec « une personne inconnue vivant hors d’Allemagne » pour savoir comment fabriquer la ricine puis il a réussi à fabriquer 84,3 mg de ricine. Cet homme a pris contact « avec une autre personne à l’identité inconnue ne vivant pas en Allemagne » auprès de laquelle il a appris comment fabriquer l’explosif. Il a ensuite acheté en juin 250 billes métalliques qui devaient servir dans cet explosif, ajoutent encore les services de presse du procureur général de la Cour fédérale allemande.

L’Allemagne est en alerte en raison de plusieurs attaques jihadistes perpétrées ou envisagées dans le pays ces dernières années. La plus grave, survenue en décembre 2016, a été commise par un Tunisien de 23 ans, Anis Amri, auteur d’un attentat au camion-bélier sur un marché de Noël à Berlin. L’attaque, revendiquée par Daesh, avait fait douze morts.

Le Quotidien/AFP