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Allemagne : Merkel lâche du lest sur le mariage gay


Une manifestation pro-LGBT devant la chancellerie à Berlin, le 30 avril dernier. (photo AFP)

Après s’y être longtemps opposée, la chancelière conservatrice Angela Merkel a ouvert la porte à une autorisation du mariage gay en Allemagne face à une pression politique croissante en vue des législatives de septembre.

Elle a opéré cette volte-face lundi soir, lors d’une interview organisée en direct dans un théâtre de Berlin avec Brigitte, le magazine féminin le plus vendu du pays. Interrogée sur le mariage homosexuel, que l’Allemagne n’a toujours pas adopté, Angela Merkel s’est dite pour la première fois ouverte à un vote « en conscience » des députés de son camp conservateur, c’est à dire sans consigne partisane. « Je souhaite orienter la discussion dans une direction qui relève de la décision de conscience, plutôt que de vouloir imposer quoi que ce soit », a déclaré la chancelière.

En 2013, elle s’était opposée au mariage pour tous en invoquant ses craintes pour « le bien-être des enfants » des couples mariés. Ce changement ouvre la voie à une possible légalisation : une partie des députés de son parti démocrate-chrétien (CDU) y est en effet favorable et leurs voix s’ajouteraient à celles des autres partis actuellement représentés au Bundestag, qui font tous campagne pour le mariage gay.

Le parti social-démocrate allemand (SPD), dont le chef de file Martin Schulz est le principal rival d’Angela Merkel pour les législatives, s’est immédiatement engouffré dans la brèche. Il a demandé mardi un vote au Bundestag dès que possible. Le SPD pourrait l’inscrire à l’ordre du jour dès la fin de cette semaine, plaçant le camp conservateur dos au mur. Un moyen pour lui de reprendre la main dans la campagne, alors qu’il est à la traîne dans les sondages. La perspective d’un vote rapide a été saluée par des élus de la CDU. L’un d’eux, Stefan Kaufmann, a parlé de propos « libérateurs » de la chancelière.

Thème fort de la campagne

Le changement de cap de la chancelière sur le sujet reste toutefois délicat, l’aile droite de son parti et, surtout, son allié bavarois de la CSU, très traditionaliste sur les questions sociétales, y étant hostiles. Selon les médias, Angela Merkel a bien pris soin de se mettre d’accord avec le patron de la CSU, Horst Seehofer, sur ce virage, une semaine avant la présentation lundi du programme commun CDU/CSU pour les législatives du 24 septembre, où la chancelière briguera un quatrième mandat consécutif.

Officiellement, la chancelière a expliqué son changement d’opinion en citant l’exemple d’un couple lesbien de son fief électoral du nord-est du pays, qui s’est vu confier la garde de huit enfants par les services administratifs. Dans ces conditions, « je ne peux plus aussi facilement argumenter avec le bien-être de l’enfant », a-t-elle convenu lundi soir. Mais sa volte-face est avant tout dictée par des considérations politiques : la plupart des formations ont en effet fait du mariage gay un thème fort de campagne. Tant les sociaux-démocrates que les Libéraux du FDP (centre-droit), les plus susceptibles de gouverner avec les conservateurs après les législatives, ont fait de la légalisation du mariage de personnes de même sexe une condition pour une future coalition.

L’enjeu est donc crucial pour la chancelière, favorite pour un quatrième mandat mais qui, compte-tenu du scrutin proportionnel, aura besoin d’un allié au gouvernement. Angela Merkel a aussi laissé entendre que sa formation ne pouvait plus être la seule en Allemagne à s’opposer au mariage gay aux côtés de la droite nationaliste de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) : le parti anti-immigration a certes désigné une lesbienne, Alice Weidel, pour codiriger sa campagne, mais il demeure très hostile au mariage gay.

L’Allemagne fait partie des rares pays occidentaux à ne pas l’avoir légalisé, même si Berlin a adopté en 2001 une union civile offrant les mêmes droits, sauf en matière fiscale. Le mariage gay est à ce jour légalisé dans une vingtaine de pays, dont 13 en Europe.

Le Quotidien/AFP

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