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Allemagne : la course pour succéder à Merkel s’accélère


Le choix du futur président de parti "constituera un signal clair pour la candidature à la chancellerie," a martelé "AKK". (photo AFP)

Le parti conservateur allemand compte choisir fin avril son nouveau président et successeur possible d’Angela Merkel, au moment où il traverse une grave crise identitaire après avoir dominé la vie politique depuis plus de 70 ans.

Au terme d’une semaine de consultations menées par la dirigeante démissionnaire de l’Union démocrate-chrétienne (CDU), Annegret Kramp-Karrenbauer dite « AKK », les responsables de la formation ont opté pour la tenue le 25 avril d’un congrès extraordinaire chargé de désigner son successeur. Et pour la première fois, elle a cité nommément les quatre probables prétendants qui devraient se soumettre au vote des délégués du parti. Il s’agit des modérés Armin Laschet et Norbert Röttgen, ainsi que de Friedrich Merz et de Jens Spahn, partisans d’une rupture nette avec le cap centriste de l’ère Merkel et d’un coup de barre à droite.

L’actuelle présidente de la CDU, qui a dû se retirer de la course à la chancellerie faute d’autorité suffisante, a levé une autre hypothèque : le futur dirigeant du parti sera aussi son candidat à la chancellerie, que quittera Angela Merkel au plus tard lors des élections législatives de fin 2021. Le choix du futur président de parti « constituera un signal clair pour la candidature à la chancellerie, » a martelé lors d’une conférence de presse l’ex-dauphine d’Angela Merkel. « La question sera ensuite réglée », a-t-elle ajouté.

Oublier les revers

Il restera ensuite encore à la CDU de convaincre son parti frère bavarois CSU d’endosser son choix. Ce dernier pourrait être d’un avis différent. AKK n’a elle jamais réussi à imposer son autorité sur le parti malgré son élection fin 2018 face à Merz et Spahn : elle a pris la CDU au moment où le mouvement était gagné par l’usure du pouvoir après 15 ans de mandats d’Angela Merkel et n’a pas réussi à incarner la relève à droite.

Les instances dirigeantes de la CDU se sont réunies lundi à Berlin au lendemain d’un cinglant revers lors d’élections régionales de Hambourg. Dans la cité hanséatique, la CDU a été rétrogradée à la troisième place avec 11,2% des suffrages, l’un de ses pires scores de l’après-guerre, derrière des sociaux-démocrates à 39% et surtout des Verts passés de 12,3% à plus de 24,2%. Le parti a été visiblement sanctionné à la suite des remous internes qui l’agitent.

Redéfinir la ligne politique

Il est depuis plusieurs semaines sans direction et divisé par des tiraillements sur sa ligne politique, notamment à l’égard des extrêmes tant à droite qu’à gauche. Jusqu’ici la CDU campe sur une ligne du « ni-ni », excluant des alliances tant avec l’extrême droite qu’avec la gauche radicale. Le débat a atteint son paroxysme dans la région de Thuringe. Après s’être alliés à l’AfD, provoquant une levée de bouclier et la démission d’AKK, la CDU locale a opté ce week-end pour une coopération avec la gauche radicale de Die Linke.

Conséquence : nouveau tollé et rappel à l’ordre de sa direction nationale. Les quatre candidats officiels ou pressentis pour prendre la tête de la CDU, qu’AKK a rencontrés tour à tour la semaine dernière, annonceront « rapidement, cette semaine s’ils sont candidats ou pas à la chancellerie », a précisé l’actuelle ministre de la Défense. Le choix préfigurera l’orientation future de ce parti en crise qui voit sa base électorale s’éroder. Il ne recueille plus que 27% des intentions de vote au plan national, contre 23% aux Verts et 14% à l’extrême droite.

Friedrich Merz, vieil ennemi d’Angela Merkel dont il a récemment qualifié le leadership de « défaillant », et Jens Spahn, étoile montante du parti, veulent tenter de récupérer une partie des électeurs tentés par l’extrême droite. Les deux autres, Armin Laschet, un baron régional, Norbert Röttgen, ancien ministre jadis écarté par la chancelière, favorisent la poursuite d’une politique centriste, même si tous deux prennent leurs distance avec la chancelière au pouvoir depuis 15 ans.

LQ/AFP

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