La justice allemande a annoncé lundi avoir ouvert une enquête pour des maltraitances présumées infligées à des réfugiés par un policier de Hanovre (nord), après des révélations qui ont provoqué l’indignation.
Plusieurs agressions ont été commises l’an dernier sur des réfugiés dans un poste de la police fédérale à Hanovre, a affirmé la radio-télévision publique régionale NDR. Un Afghan aurait notamment été trainé au sol, les pieds attachés, et un Marocain aurait été contraint de manger de la viande de porc avariée. Le policier mis en cause a pris une photo d’une de ses victimes présumées qu’il a ensuite envoyée à des collègues par un système de messagerie sur téléphone portable, selon NDR.
Deux témoins ont fourni des renseignements et «remis des éléments» aux enquêteurs, a précisé le procureur de Hanovre, Thomas Klinge, en charge du dossier. Des perquisitions ont été effectuées vendredi après-midi au domicile et sur le lieu de travail du policier soupçonné, selon la même source.
Une arme a été retrouvée au domicile et des vérifications sont en cours pour déterminer s’il avait l’autorisation de la posséder, a indiqué Thomas Klinge. Aucun élément n’a en revanche été fourni de source judiciaire sur les actes reprochés au policier.
La ministre déléguée aux questions d’intégration, Aydan Özoguz, a jugé ces révélations «bouleversantes» et exigé de la police qu’elle en «tire des conséquences» si les faits sont avérés. «La police doit dire clairement qu’elle ne tolère pas dans ses rangs de tels agissements inhumains», a-t-elle souligné.
L’organisation allemande de défense des réfugiés et demandeurs d’asile Pro-Asyl a vivement dénoncé ces agressions présumées, affirmant qu’il y avait dans cette affaire «une dimension épouvantable de racisme et d’inhumanité». Le dirigeant de Pro-Asyl, Günter Burkhardt, a également qualifié de «scandale dans le scandale, la passivité» de ceux qui «dans leur uniforme de police connaissaient les faits».
Le syndicat de la police GdP a estimé de son côté que même s’il ne s’agissait que d’un cas unique, cette affaire risquait de ternir l’image de la police.
L’Allemagne, première destination des réfugiés en Europe, s’apprête à recevoir cette année quelque 400 000 demandeurs d’asile, soit près du double de 2014. Cet afflux suscite des tensions au niveau local et des foyers d’accueil sont régulièrement la cible d’actes xénophobes. L’an dernier, des employés d’une société de surveillance avaient été accusés de maltraitances sur des demandeurs d’asile dans un centre d’accueil de Rhénanie du Nord-Westphalie.
La justice allemande a d’ailleurs annoncé qu’elle enquêtait sur 50 personnes, dont des employés d’une société de sécurité et des travailleurs sociaux, dans cette affaire.
AFP