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Allemagne : congrès houleux en vue à la CDU


Annegret Kramp-Karrenbauer, Mike Mohring (CDU du land de Thuringe) et Angela Merkel (Photo : AFP)

Le 32e congrès des conservateurs d’Angela Merkel, qui se tient vendredi et samedi à Leipzig, s’annonce agité dans un parti déstabilisé après des élections désastreuses et prêt à en découdre avec sa nouvelle cheffe.

Un point sur l’Union chrétienne-démocrate (CDU), et les enjeux de cette grand-messe annuelle :

Dans quel état se trouve la CDU ?

Si elle reste le plus grande formation politique d’Allemagne, sa popularité fond. Dans un sondage récent, elle ne recueille que 25% des intentions de vote, trois points seulement devant les Verts.

En 2019, la CDU a « inéluctablement battu de l’aile », constate le quotidien conservateur Die Welt. Elle a perdu plus de 7 points de pourcentage des voix aux élections européennes en mai, puis aux régionales en Saxe et en Brandebourg en septembre. En Thuringe, autre Land de l’ex-RDA, la chute frôlait les 12 points en octobre. Elle doit uniquement à son contingent d’électeurs de plus de 60 ans d’avoir limité la casse.

Un déclin « qu’on ne peut plus ignorer ou bien attendre qu’il se résolve de lui même », a lancé Friedrich Merz. Cet anti-Merkel de longue date avait échoué de peu en décembre à lui succéder à la présidence du parti.

AKK déjà grillée ?

Près d’un an après son élection à la tête de la CDU, Annegret Kramp-Karrenbauer, dite AKK, souffre d’une image déplorable. Au-delà des claques électorales, la ministre de la Défense de 57 ans a enchaîné des gaffes qui ont fait douter de sa légitimité à briguer la chancellerie: une blague de carnaval jugée discriminatoire sur la communauté transgenre, une attaque maladroite contre la liberté d’expression sur le net après une vidéo anti-CDU d’un Youtubeur, une proposition de créer une zone de sécurité internationale dans le nord de la Syrie sans consulter ses collègues du gouvernement…

Un sondage d’Infratest Dimap révèle que 42% des personnes interrogées considèrent Friedrich Merz, 64 ans, comme un bon candidat au poste suprême du pays. AKK récolte seulement 19% des avis favorables. Cette fidèle de Merkel ne doit pas être enterrée de sitôt, estime pourtant le professeur de l’Université technique de Dresde, Hans Vorländer. « Le temps peut soigner tous les maux et lui permettre de rétablir son autorité », indique-t-il.

Quels enjeux au congrès ?

« La question de la candidature à la chancellerie va dominer sur tout le reste à Leipzig », souligne le magazine Der Spiegel.

L’organisation des jeunes de l’Union a brisé un tabou en annonçant le dépôt d’une motion exigeant un vote des membres de la CDU sur le candidat à la chancellerie, comme au parti social démocrate (SPD).

La débâcle en Thuringe a provoqué un débat d’une virulence inédite. Parmi les plus actifs, Friedrich Merz s’en est pris surtout à la chancelière, dénonçant « son leadership défaillant ». Il a demandé à prendre la parole vendredi juste après AKK. Angela Merkel fera elle plus tôt un discours de bienvenue.

Une tentative de putsch contre AKK est quasi-exclue, juge M. Vorländer: « c’est beaucoup trop tôt ». Les discussions de personnes « énervent » tout le monde, a assuré quant à lui Jens Spahn, ministre de la Santé, appelant plutôt à se concentrer sur le travail gouvernemental.

Quid du gouvernement Merkel IV ?

Une fin prématurée du la « grande coalition », présagée il y a un an, paraît aujourd’hui très improbable. L’Union -CDU et son allié bavarois CSU- et le SPD en pleine crise seraient de nouveau sanctionnés en cas d’élection anticipée, au profit de l’extrême droite et des Verts. « C’est pourquoi les partis au pouvoir préfèrent rester enchaînés les uns aux autres, par peur de mourir », estime M. Vorländer. Le compromis à l’arraché sur une retraite minimum, et le satisfecit affiché à mi-parcours de leur mandat témoignent de leur volonté de continuer. L’an prochain, une seule élection régionale a lieu dans la ville Etat de Hambourg. Cela laissera la chance aux partis de se consolider, « d’apporter un peu de calme dans la boutique », conclut le politologue. Et aussi de préparer l’après Merkel dont le quatrième et dernier mandat s’achève en 2021. Pour cela, la CDU a besoin « d’une nouvelle équipe (…) dont la référence ne pourra justement plus être Angela Merkel », a lancé l’ambitieux Jens Spahn, 39 ans.

AFP