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Algérie : pompiers, militaires et civils en lutte contre les incendies meurtriers


Depuis mardi, des appels à envoyer de l'aide --nourriture, eau, médicaments--, même depuis l'étranger, pour les habitants des villages touchés se sont multipliés (Photo AFP)

Des pompiers soutenus par des militaires et des volontaires luttent mercredi pour tenter d’arrêter la course folle des flammes qui ravagent depuis deux jours le nord de l’Algérie, des multiples incendies qui ont fait au moins 65 morts parmi lesquels 28 soldats.

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a décrété un deuil national de trois jours à partir de jeudi, selon un communiqué de la présidence. Ces incendies, pour lesquels les autorités ont évoqué des pistes « criminelles », touchent plusieurs régions de Kabylie, notamment Tizi Ouzou. Des images impressionnantes, accompagnées d’appels à l’aide, circulent sur les réseaux sociaux, avec des troncs calcinés, du bétail agonisant, asphyxié, et des villages assiégés.

Trente-sept civils ont perdu la vie depuis le début des incendies, selon un nouveau bilan de la télévision nationale. Sur des images de l’AFP, on peut voir des habitants tentant désespérément d’étouffer un départ de feu à l’aide de modestes branches. Alors que l’Algérie fait face à une vague de chaleur extrême, des vents propagent les feux et compliquent la tâche des secouristes, selon Youcef Ould Mohamed, un responsable local des forêts cité par l’agence officielle APS.

Appels à l’aide

Selon le porte-parole de la protection civile, Nassim Barnaoui, 69 foyers d’incendies étaient encore actifs dans 17 wilayas (préfecture), notamment dans celle de Tizi Ouzou, qui a enregistré le plus de pertes humaines. « J’ai laissé tous mes biens dans mon village et je me suis enfui avec ma femme et mes trois enfants vers la ville », a dit a l’AFP Abdelhamid, un commerçant du village de Beni Yeni. « Heureusement, je possède un appartement dans le centre de Tizi Ouzou. »

Depuis mardi, des appels à envoyer de l’aide –nourriture, eau, médicaments–, même depuis l’étranger, pour les habitants des villages touchés se sont multipliés sur les réseaux sociaux. Plusieurs camions sont partis de la capitale transportant du matériel offert par des citoyens et des commerçants. Et une page « Médecins » sur Facebook a publié un appel aux volontaires pour aider le personnel de l’hôpital de Tizi Ouzou.

En France, la diaspora et des ONG se mobilisent pour envoyer du matériel aux zones sinistrées par l’intermédiaire d’organisations locales, comme elles l’ont fait pour l’envoi de bouteilles d’oxygène en plein pic de l’épidémie de Covid-19. D’autres appels ont été lancés exhortant les autorités à solliciter une assistance internationale.

Dans un tweet, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a exprimé la « solidarité » de la France avec le peuple algérien, disant qu’elle se tenait « prête à apporter son appui ». La piste criminelle a été évoquée par les autorités algériennes qui n’ont pas donné de détails.

« Cinquante départs de feu en même temps, c’est impossible. Ces incendies sont d’origine criminelle », a affirmé mardi le ministre de l’Intérieur Kamel Beldjoud. La radio publique a annoncé mardi l’arrestation de trois « pyromanes » à Médéa. Un quatrième a été arrêté à Annaba, selon l’APS.

« Origine criminelle »

Le Premier ministre, Aïmène Benabderahmane, a évoqué plus de 70 incendies dans 18 wilayas du nord du pays. Le pire drame est survenu mardi quand 28 militaires ont péri alors qu’ils évacuaient des villageois menacés par les flammes, dans les montagnes de Bejaïa et Tizi Ouzou.

Chaque année, le nord de l’Algérie est touché par des feux de forêt. En 2020, près de 44.000 hectares de taillis sont partis en fumée. Les autorités avaient annoncé avoir arrêté plusieurs auteurs d’incendies criminels. Ce phénomène s’amplifie tandis que les incendies se multiplient sur la planète. Ils sont associés à divers phénomènes anticipés par les scientifiques en raison du réchauffement de la planète.

L’augmentation de la température, la multiplication des canicules et la baisse des précipitations par endroit est une combinaison idéale. Une vague de chaleur extrême doit se poursuivre jusqu’en fin de semaine au Maghreb –selon différents services météorologiques–, avec des températures atteignant 46 degrés.

En Tunisie voisine, la capitale Tunis a battu mardi son record absolu, avec 49 degrés. Une quinzaine de départs de feu ont été enregistrés dans le nord et le nord-ouest, sans faire de victime, selon Moez Triaa, porte-parole de la protection civile. Sur la rive nord de la Méditerranée, la Grèce et la Turquie ont été les pays les plus touchés ces deux dernières semaines, avec une série d’incendies qui ont fait huit morts sur les côtes turques et trois en Grèce.

LQ/AFP