Face à la profonde colère des agriculteurs, Bruxelles tente d’amener des solutions. Sans convaincre.
D’un côté, Bruxelles multiplie les gages : obligations écologiques, importations ukrainiennes, législations en passe d’être votées sur la biodiversité et les émissions polluantes… De l’autre, les agriculteurs martèlent leurs griefs et intensifient leur pression. Après l’ouverture samedi à Paris d’un salon de l’Agriculture sous haute tension, les ministres des Vingt-Sept se réunissent aujourd’hui à Bruxelles pour examiner de nouvelles propositions de «simplification» réglementaire de la Commission européenne. Des défilés de tracteurs sont attendus pour l’occasion dans la capitale belge, alors que la grogne agricole continue de secouer l’ensemble du continent.
«Nous avons insuffisamment été écoutés», résumait Christiane Lambert, dirigeante du COPA-Cogeca (organisation des syndicats agricoles majoritaires européens), fustigeant le «tsunami» des règles environnementales «passées en force» malgré l’impact de la guerre en Ukraine, les sécheresses et inondations. Certes, dès septembre, la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, avait adouci le ton face aux résistances sur les réglementations environnementales. Mais il aura fallu que manifestations et blocages se multiplient pour que Bruxelles lance tardivement, fin janvier, le «dialogue stratégique» promis avec l’agroalimentaire.
«Dans la détresse»
Candidate à un second mandat, Ursula von der Leyen a annoncé début février le retrait d’un texte controversé réduisant l’usage des pesticides. Surtout, Bruxelles a proposé précipitamment fin janvier une dérogation temporaire et partielle aux obligations de jachères, et l’encadrement renforcé des importations ukrainiennes, accusées de plomber les prix. Sucre, volaille et œufs ukrainiens seraient plafonnés aux niveaux importés en 2022-2023: «Mais ces volumes élevés ont provoqué la situation difficile actuelle», et cette restriction ne concerne pas les céréales, alors qu’agriculteurs des pays riverains «sont dans la détresse», s’est encore indignée Christiane Lambert.
Le sujet est en effet explosif : après avoir paralysé la frontière avec l’Ukraine, les agriculteurs polonais ont bloqué hier un poste frontalier avec l’Allemagne. Sous pression au niveau national, les Vingt-Sept ont exigé de Bruxelles une «simplification» des règles de la politique agricole commune (PAC). La Commission a présenté ses premières pistes : assouplissement des exigences sur les prairies, réduction des visites de contrôle, tolérance en cas d’épisode climatique empêchant de respecter les critères…
«À moyen terme»
Bruxelles envisage de telles modifications «à moyen terme» pour exempter les petites exploitations des contrôles liés aux conditions environnementales ou pour «réduire la charge» sur ces critères écologistes. Le COPA-Cogeca a appelé la Commission à «accorder des dérogations» totales sur les primes vertes «éco-régimes», «pour éviter un impact économique négatif». Même la dérogation temporaire sur les jachères est jugée «partielle et insuffisante».
Message entendu par le commissaire à l’Agriculture Janusz Wojciechowski, qui s’est rendu hier au salon parisien (voir ci-dessous). Dans un entretien préalable, il a assuré vouloir proposer aujourd’hui aux ministres que plusieurs conditions environnementales (jachères, rotation des cultures, couverture des sols et prairies) deviennent «volontaires» et plus obligatoires, avec dérogation dès cette année. Les organisations agricoles exhortent aussi le Parlement européen à rejeter demain un texte clé du Pacte vert sur la «restauration de la nature». Et à repousser une autre législation restreignant les émissions des élevages porcins et de volailles. États et eurodéputés s’étaient pourtant entendus fin 2023 sur ces deux textes qu’il ne restait qu’à formellement entériner.
«Inciter et non obliger»
Pour pousser les agriculteurs à adopter des pratiques plus respectueuses de l’environnement, il vaut mieux les y «inciter financièrement» plutôt que les y «obliger», «passer par des primes dans le cadre des éco-régimes plutôt que par des aides soumises au respect de certaines conditions», a estimé hier le commissaire à l’Agriculture Janusz Wojciechowski, en visite au salon de l’Agriculture à Paris. Interrogé sur le fait que les agriculteurs imputent à la politique agricole européenne nombre de leurs difficultés, il a répondu : «Les principales revendications se concentrent sur des sujets qui ne relèvent pas directement des politiques agricoles mais des politiques climatiques et environnementales.»
D’où l’inquiétude (justifié par les nombreuses mesures proposées ces dernières semaines par la Commission européenne) d’un abandon du «Pacte vert» (Green Deal), politique destinée à verdir l’économie. «Nous devons maintenant améliorer la réforme de la PAC, simplifier les éco-régimes, dire dans quelle mesure les aides conditionnées à des bonnes pratiques environnementales sont obligatoires ou volontaires…», a expliqué Janusz Wojciechowski.
Pour conclure, il a détaillé son plan de vol : «À court terme, nous avons besoin de plus de flexibilité sur l’interprétation de la législation. À moyen terme, nous devons faire des modifications à la réforme. À plus long terme, nous devons apporter aux agriculteurs un message politique clair affirmant que nous sommes prêts à continuer la PAC avec un budget plus solide, avec en particulier des instruments plus solides pour soutenir les agriculteurs en situation de crise.»
L’UE est la seule responsable de la détresse des agriculteurs avec ses règles écolo-punitives qui ruinent tous les agriculteurs européens.
Croire une seconde que c’est la fine équipe qui a produit cette catatstrophe qui va la résoudre, c’est croire au père Noël.
Seule chose qui vaille: bien voter en Juin pour que la clique au pouvoir soit virée!