Les corps des victimes de l’accident d’avion au Népal commençaient mardi à être rendus à leurs familles deux jours après cette catastrophe aérienne, la pire dans le pays depuis 1992.
L’avion, un bimoteur ATR 72 de la compagnie népalaise Yeti Airlines qui transportait 68 passagers et quatre membres d’équipage, s’est écrasé dans un ravin dimanche alors qu’il était en approche de l’aéroport de Pokhara (centre).
La totalité des occupants de l’appareil, parmi lesquels 15 étrangers et six enfants, sont présumés morts, selon les autorités.
Les secours ont travaillé pratiquement sans relâche depuis l’accident pour récupérer les restes humains parmi l’amas de morceaux d’ailes, de fuselage et de sièges calcinés au fond du ravin, profond de 300 mètres.
Mardi matin, 70 corps sur 72 avaient été retrouvés, a déclaré l’officier de police AK Chhetri.
« Nous avons récupéré un corps la nuit dernière. Mais il s’agit de trois morceaux. Nous ne sommes pas sûrs s’il s’agit de trois corps ou d’un seul. Cela ne sera confirmé qu’après un test d’ADN », a-t-il expliqué.
« Les recherches des deux autres corps manquants ont repris. Nous avons mobilisé quatre drones aujourd’hui à cet effet, et nous avons étendu le rayon des recherches à trois kilomètres au lieu de deux », a-t-il ajouté.
Une dizaine de corps ont été transportés à bord d’un camion de l’armée depuis l’hôpital de Pokhara jusqu’à l’aéroport pour être envoyés vers la capitale Katmandou. Trois ont été rendus à leurs familles à Pokhara, et plusieurs autres devaient suivre mardi dans la journée.
Familles endeuillées
« Dieu nous a repris une si agréable personne », se lamentait devant l’hôpital de Pokhara Raj Dhungana, l’oncle de Sangita Shahi, une passagère de 23 ans.
Toute la famille « est en deuil » après la disparition de cette jeune femme « très talentueuse », qui faisait ses études à Katmandou tout en tenant un studio de maquillage et une boutique en ligne, a-t-il raconté.
L’ATR 72, en provenance de Katmandou, s’est écrasé peu avant 11 heures dimanche près de l’aéroport de Pokhara, deuxième ville du Népal, centre de pèlerinage et important point de passage pour trekkeurs étrangers.
La cause de l’accident n’était pas encore connue, mais une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux – vérifiée par un partenaire de l’AFP – a montré le bimoteur virant brusquement sur la gauche à l’approche de l’aéroport, et laissant entendre une forte explosion.
Des experts consultés n’ont pas été à même de juger, à partir de cette vidéo, si l’accident semblait plutôt dû à un problème mécanique ou à une erreur de pilotage.
Les boîtes noires de l’appareil n’ont pas encore été retrouvées. Des experts du Bureau enquête accidents (BEA) français étaient attendus au Népal mardi, a indiqué le constructeur ATR.
Selon l’agence Press Trust of India (PTI), la pilote, Anju Khatiwada, avait rejoint l’aviation civile népalaise après la mort de son mari, tué dans l’accident d’un petit avion de passagers en 2006.
L’aviation civile népalaise, essentielle pour ravitailler les régions reculées du pays et y acheminer randonneurs et alpinistes, a connu un véritable essor ces dernières années.
Mais le secteur souffre de sérieux problèmes de sécurité en raison de carences dans la maintenance des avions et dans la formation des pilotes. L’Union européenne a interdit à tous les transporteurs népalais d’accéder à son espace aérien pour ces raisons.
On trouve de plus dans ce pays certaines des pistes les plus isolées du monde, flanquées de pics vertigineux, dont l’approche constitue un défi même pour les pilotes chevronnés.
La catastrophe aérienne la plus meurtrière de l’histoire du Népal a eu lieu en septembre 1992. Les 167 occupants d’un Airbus A300 de Pakistan International Airlines avaient péri dans le crash de l’appareil à l’approche de Katmandou.